"L'Ombre du souvenir", de Bloodwitch Luz Oscuria |
Cette nuit-là, je m’étais couché à la fois heureux d’avoir passé une excellente soirée, et attristé qu’elle ne soit pas restée avec moi. Je me demande encore aujourd’hui, alors que cela fait déjà plusieurs mois, ce qui serait arrivé si j’avais pu l’inviter chez moi, si elle avait accepté d’entrer, si elle avait donné son accord pour passer la nuit avec moi. Comment se serait déroulée cette nuit ? Aurait-elle été satisfaite ? Etait-ce ce qu’elle aurait voulu, quand elle m’a proposé de l’accompagner à ce feu d’artifice ? Je ne le saurai sans doute jamais, car je n’ai pas osé lui dire ce que je voulais.
Le lendemain de cette soirée-là, elle m’avait dit bonjour comme d’habitude, comme s’il ne s’était rien passé. Je dois reconnaître qu’en effet, il ne s’était rien passé de plus qu’une simple veillée entre amis, à profiter d’un simple feu d’artifice puis d’une simple bière dans un café bondé. Tellement bondé que nous avions à peine pu nous parler, car nous ne nous entendions pas. Nous avions alors passé notre temps à nous regarder l’un l’autre, sans rien dire. Les rares fois où nous avions échangé un mot, ce fut pour se décider à reprendre un verre. Puis pour se décider à rentrer chez nous. C’était à la fois hilarant et triste.
J’apprécie de moins en moins la solitude de mon appartement, quand j’y reviens le midi et surtout, quand j’y reviens le soir. Avant, à Saint-Germain, j’avais régulièrement Mylène au téléphone le soir, ce qui me permettait de passer des soirées agréables. A présent, je n’ose plus essayer de l’appeler, j’ai compris qu’elle ne souhaite plus du tout me parler, il ne me sert à rien d’insister. Elle saura où me trouver le jour où elle aura besoin de moi. Si tant est qu’elle en ressente le besoin un jour, car c’était toujours moi qui avais besoin d’elle que l’inverse.
Demain, nous serons lundi. Une nouvelle semaine va débuter, sans doute aussi joyeusement que les précédentes. Mais pour l’instant, il faut que je dorme un peu. Je dors mal ces temps-ci, car je me réveille très régulièrement. Cette femme aux longs cheveux châtains que j’ai déjà vue auparavant dans mes songes, je l’aperçois souvent dans mes rêves en ce moment. Il y a quelques nuits, j’ai pu découvrir son visage pour la première fois, très nettement en plus. Celui-ci était alors très dur, du fait de la colère qu’elle ressentait alors. Ses yeux noisette étaient perçants, ses traits fins. C’est une jolie jeune femme, du même âge que moi à priori.
* "L'Ombre du souvenir" est disponible depuis le 1er décembre 2019.
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12:24
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"L'Ombre du souvenir", de Bloodwitch Luz Oscuria |
Oui, j’aimerais savoir ce que ça fait d’avoir une femme auprès de soi. Pouvoir me rappeler ce que j’ai pu vivre avec cette Catherine dont on m’a parlé à l’hôpital. Et surtout, être au fait de comment elle est, physiquement, mentalement. Pour l’heure, je ne peux en savoir plus, je suis beaucoup trop loin de Paris pour espérer en retrouver une trace. Et mon déménagement qui se profile ici, à Toulouse, m’y aidera encore moins.
Pour le moment, il va falloir que j’occupe ma matinée, et que je repère un endroit pour manger ce midi. Je décide de faire comme la veille, aller où mes pieds accepteront de m’emmener, sans me poser de questions quant à ma destination. Pourvu que je ne m’éloigne pas trop de la gare. Cela dit, j’ai du temps à tuer devant moi, et j’en profite du coup pour découvrir les enseignes du coin. Cette ville paraît agréable à vivre, les gens sont plutôt avenants en général. Si, bien sûr, j’oublie ma mésaventure à l’hôtel. Un vrai mauvais choix que j’ai fait là, hier soir. Je me doutais que je le regretterais, mais je n’avais pas le cœur à chercher encore un lieu pour passer la nuit.
Je m’arrête dans une boulangerie afin d’acheter un croissant. Je ne prendrai pas de café ce matin, je crains que ça ne me mette davantage encore sur les nerfs que je ne le suis déjà, à cause de la désastreuse nuit que je viens de passer. La boulangère est particulièrement souriante par ailleurs, ce qui est appréciable pour moi qui découvre les gens d’ici.
Le reste de la matinée, je l’occupe à traverser les petites rues et les immenses avenues, ouvrant grand les yeux pour ne pas perdre une miette du spectacle qui s’offre à moi. Toulouse n’est pas une ville fondamentalement différente de Paris, seuls les gens paraissent autrement à mes yeux.
Quand arrive enfin l’heure du déjeuner, je me rapproche de la gare, que j’ai su repérer à force de me promener. Je décide de manger un truc sur le pouce au sein même de l’endroit, afin d’être certain de ne pas rater mon train. Mylène a vraiment été adorable de penser à mon besoin de m’imprégner des lieux. Elle a dû se souvenir de ma réaction quand elle m’a fait visiter mon studio à Saint-Germain. Il m’a fallu un temps d’adaptation avant que je ne lui dise que j’y serai bien. Selon ce qu’elle m’en a dit, j’avais été fidèle à la façon d’être que j’avais avant mon agression.
Ce soir, en rentrant chez moi, je serai dans l’obligation de rassembler le maximum de mes affaires. Mylène a prévu de passer me prendre dès demain matin pour que nous n’arrivions pas trop tard à Toulouse le soir. Ca va être une sacrée épopée, d’autant plus qu’il me faudra ensuite partir à la recherche d’un nouveau logement. Mais je suis heureux d’avoir l’opportunité de travailler dès lundi. Voilà des mois que je m’efforçais désespérément à trouver quelqu’un qui accepterait de me donner ma chance, et je l’ai enfin déniché en la personne de Stéphanie.
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"L'Ombre du souvenir", de Bloodwitch Luz Oscuria |
– Il se réveille !
Une voix de femme. A qui appartient-elle ? Je ne la reconnais pas. Et où suis-je ? Je viens à peine d’ouvrir les yeux que la lumière alentour m’éblouit. Il me semble que j’entends quelqu’un s’éloigner en courant. Je ne suis pas certain, je ne parviens pas à émerger.
Je crois apercevoir ce qui a l’air être un plafonnier au-dessus de ma tête, semblable à ceux que l’on peut voir dans les hôpitaux. C’est lui qui m’aveugle. Je détourne mes yeux fraîchement ouverts afin de regarder ce qui se trouve autour de moi.
Je suis allongé dans un lit qui ne m’est pas familier. Un lit d’hôpital pourvu d’un drap blanc immaculé sous lequel mon corps est caché. J’aperçois mes orteils bouger à l’autre bout de la couchette. C’est bon signe, je crois. Je tente de lever ma main droite vers mon visage. Je vois enfin mes doigts au bout de quelques secondes, encore engourdis pour pouvoir me mouvoir à une vitesse normale.
A ma droite, une petite commode sur laquelle est posé un téléphone fixe rouge, dont le combiné est relié à sa base avec un fil torsadé rempli de nœuds. Il y a aussi un verre d’eau vide à côté duquel traîne négligemment un livre ouvert, un marque-page placé dedans. Au-dessus, une grande fenêtre à double vitrage, fermée. Dehors, le soleil envoie ses rayons dans ma direction. Il fait beau.
A ma gauche, une immense armoire beige qui m’empêche de voir ce qui se trouve au-delà. Sans doute la porte de cette chambre dans laquelle je suis seul. J’ai pourtant bien entendu une voix. Mais la personne qui a parlé doit être celle qui est partie précipitamment.
J’entends des éclats de paroles. Quelqu’un s’approche. Et en effet, quelques secondes plus tard, deux individus se retrouvent devant mon lit. Je ne discerne pas correctement leur visage, je ne sais si ce sont des hommes ou des femmes, ma vue est encore embrumée par mon réveil trop récent.
– Il ne faut surtout pas le brusquer.
Cette voix appartient à une femme. Le ton avec lequel elle vient de parler me laisse deviner qu’elle n’est pas très jeune. La cinquantaine peut-être. Je l’imagine petite. Et brune, avec des cheveux sans doute retenus par un chignon. Ce doit être une infirmière, elle ne devrait pas avoir la tignasse lâchée sur ses épaules, c’est interdit dans ce genre de métiers. Il faudrait que je puisse la voir pour me faire une meilleure idée de ce à quoi elle ressemble.
– Je suis venue vous prévenir dès qu’il a commencé à bouger.
Une autre femme. Plus jeune celle-ci. Je la pense plutôt grande et blonde, contrairement à son interlocutrice. Elle ne doit pas être infirmière, tant le ton sur lequel elle vient de parler laisse deviner aisément une panique sans précédent. On dirait qu’elle a vu un fantôme au moment où elle prononce cette petite phrase insignifiante. Est-ce moi, ce fantôme ?
– Laissons-le reprendre ses esprits. Mais n’oubliez pas, il va falloir y aller doucement.
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13:41
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"L'Ombre du souvenir", de Bloodwitch Luz Oscuria |
La sortie de mon prochain roman approche. Et comme je l'ai déjà indiqué dans un autre de mes articles, celui-ci sera très lié à mon livre précédent, "La Brume de l'oubli", sorti le 15 août dernier. Par le biais de cet article-là, vous avez découvert le texte de 4ème de couverture de cet ouvrage à venir. Il est désormais temps pour moi de lever le voile sur l'ensemble des informations autour de ce livre.
Ce roman s'appellera donc "L'Ombre du souvenir", et fera un total de 212 pages intérieures dans son format papier. Vous pouvez découvrir plus précisément sa couverture en cliquant dessus, en haut de cet article. Vous constaterez certainement le contraste entre celle-ci, et celle de "La Brume de l'oubli" qui est exactement son opposé, tant en termes de couleur dominante pour son illustration, qu'en ce qui concerne celle des écritures. tout cela est bien entendu voulu ;-) Quant à la 4ème de couverture, je vous la rappelle ici :
« Je m’appelle Julien. J’ai 31 ans et nous sommes en 2014. Du moins, c’est ce qu’on vient de m’expliquer. Je viens de reprendre connaissance à l’hôpital, en soins intensifs. Je ne me souviens de rien, pas même de ma propre vie avant ça. »
Personne ne sait ce qui s’est passé, sauf lui, quelque part enfoui tout au fond de sa mémoire. Il va se rappeler progressivement les faits. Dispute. Insultes. Violence conjugale. Puis Catherine, disparue de la circulation après l’agression qu’elle a perpétrée sur lui et qui a failli le tuer. L’ombre de ses souvenirs ressurgira, quoi que cela lui en coûte.
Vous l'aurez compris, il sera ici question de ce qui est arrivé à l'un des personnages principaux de "La Brume de l'oubli", avant qu'il ne croise la route de Catherine, celle autour de qui l'histoire se passe. Tandis que "La Brume de l'oubli" se déroule en 2019, dans "L'Ombre du souvenir" vous serez plongé(e) en 2014, auprès de Julien, tout juste réveillé d'un coma de plusieurs semaines, suite à une agression dont il a été victime.
Ce roman, qui est donc un préquel, vous permettra de mieux comprendre le contexte de ce personnage si intriguant de "La Brume de l'oubli", et sans doute de comprendre beaucoup mieux les actions et réactions qu'il a dans ce précédent livre. Ces deux ouvrages forment ainsi une seule et même chronique, au sein d'un seul et même monde. Cependant, ils peuvent tous les deux se lire séparément sans problème. Car bien qu'ils soient liés, ils forment aussi deux histoires différentes.
La sortie de "L'Ombre du souvenir" est prévue pour le 1er décembre 2019, chez mon imprimeur habituel TheBookEdition, mais aussi sur Amazon en broché pour un prix qui s'élève à 9€. La précommande Amazon pour son format Kindle (qui sera quant à lui de 5€) vient de débuter, et c'est par ici que ça se passe : https://www.amazon.fr/dp/B07YMQ9BT4
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13:20
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"La Brume de l'oubli", de Bloodwitch Luz Oscuria |
Lorsque j'ai terminé la rédaction de mon dernier roman, "La Brume de l'oubli", sorti le 15 août dernier, j'avais déjà en tête l'idée qu'il ne serait pas un one-shot. Plutôt que de garder le suspens des semaines durant, j'ai décidé d'attendre juste un petit mois pour en faire l'annonce, à travers une publication sur ma page Facebook.
Les choses sont posées, "La Brume de l'oubli", qui est mon ouvrage le plus populaire aujourd'hui, bénéficiera donc d'une suite. Si l'on peut parler de "suite", car en réalité, j'ai eu une toute autre idée en tête. En effet, j'ai décidé de reprendre l'un des personnages qui entourent celui de Catherine, l'héroïne (quelque peu anti-héros, il faut quand même le reconnaître).
Mais cette publication que j'ai faite sur ma page Facebook le 15 septembre dernier, ne dit pas de quel personnage il s'agit. A travers cet article, je lève le voile sur ce personnage sur lequel mon prochain roman est centré. Il s'agit précisément de Julien. Un peu plus haut, je disais que cette suite n'en était pas vraiment une. En réalité, j'ai décidé de lever le voile dans ce prochain ouvrage, sur le passé de Julien.
Car j'ai conscience que le contexte autour de sa personne reste flou dans "La Brume de l'oubli", alors qu'il y a tant à en dire. C'était parfaitement voulu, car je souhaitais qu'il ait une part de mystère. Dans mon prochain roman, je lève le voile sur les épreuves par lesquelles il est passé avant de croiser la route de Catherine en 2019 dans "La Brume de l'oubli".
Vous l'aurez donc compris, mon prochain roman ne sera nul autre qu'un prequel à "La Brume de l'oubli". Je ne vous en dévoilerai pas le titre aujourd'hui, encore moins la couverture, car j'estime qu'il est trop tôt. Par contre, je vous livre sa quatrième de couverture que voici :
« Je m’appelle Julien. J’ai 31 ans et nous sommes en 2014. Du moins, c’est ce qu’on vient de m’expliquer. Je viens de reprendre connaissance à l’hôpital, en soins intensifs. Je ne me souviens de rien, pas même de ma propre vie avant ça. »
Personne ne sait ce qui s’est passé, sauf lui, quelque part enfoui tout au fond de sa mémoire. Il va se rappeler progressivement les faits. Dispute. Insultes. Violence conjugale. Puis Catherine, disparue de la circulation après l’agression qu’elle a perpétrée sur lui et qui a failli le tuer. L’ombre de ses souvenirs ressurgira, quoi que cela lui en coûte.
Ce roman à venir comptera sensiblement le même nombre de pages que "La Brume de l'oubli". Et surtout, même s'il se présente comme un prequel à ce dernier, vous pourrez lire les deux indépendamment l'un de l'autre. Car bien qu'ils sont très liés, l'un peut être lu sans l'autre, ou l'un après l'autre dans n'importe quel ordre.
Voilà, comme je vous l'ai promis sur ma page Facebook le 15 septembre dernier, vous en savez à présent un peu plus sur ce roman, qui devrait sortir pour la fin de l'année si tout va bien. Je vous donne rendez-vous très vite pour les informations complémentaires ;)
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12:54
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Illustration de l'appel à textes pour le projet de recueil Stonewall |
Aujourd'hui, c'est un sujet un peu particulier que je vais aborder, en vous parlant d'un projet dont le but est de rassembler des textes de différents auteurs pour aboutir à un recueil collectif dont le sujet est la lutte contre l'homophobie, avec le soutien de l'association "Urgence Homophobie". Le nom de ce projet ? Stonewall, du nom du lieu des émeutes qui ont eu lieu suite à un raid de la police dans la nuit du 28 au 29 juin 1969, au Stonewall Inn dans le quartier de Greenwich Village, à New York.
Lorsque j'ai vu l'appel à textes qui a été lancé sur le net, au début du mois d'avril dernier, je ne me suis pas posé longtemps la question de savoir si j'allais envoyer une contribution ou non. Car la cause LGBT fait partie de celles pour lesquelles je ne suis pas insensible. J'ai donc pris quelques jours de réflexion et je me suis lancée dans l'écriture d'un texte selon mon ressenti du moment. Comme j'étais alors en plein travail pour mon recueil de poèmes, "De Retour des Ténèbres", qui devait sortir le 14 avril, c'est tout naturellement vers un récit sous forme de poésie que je me suis dirigée.
Ce n'est ensuite que le 16 juillet dernier, assez récemment donc, que j'ai reçu une réponse de la part du comité de lecture. Sachant que des auteurs de renom faisaient partie des sélectionnés, je ne me faisais pas trop d'illusions quant à l'issue de ma participation et je ne me suis pas trompée : ce mail m'a appris que le comité de lecture a reçu plus de 250 textes, qu'il a fallu n'en sélectionner qu'une petite cinquantaine, et le mien ne fait pas partie des heureux élus. J'avais envisagé cette possibilité que mon poème puisse être refusé, mais je tenais tout de même à l'envoyer, ne serait-ce que pour la cause défendue par ce projet qui me tient à coeur. Et je savais dès sa rédaction que s'il n'était pas sélectionné, je vous le partagerais ici.
Je vous le livre donc ci-dessous, dans la forme dans laquelle je l'ai envoyé au comité de lecture du projet Stonewall :
A toi qui rêve en secret...
A toi qui rêve en secret d'un monde tout en couleurs,
D'un univers dans lequel se mêlent douceur et bonheur.
A toi qui te sens différent mais qui ne demande rien,
Si ce n'est un regard bienveillant qui te fasse un peu de bien.
Le chemin pour l'acceptation de l'autre paraît semé d'embûches,
Mais personne ne peut se donner le droit de te pointer du doigt.
La rivière de l'harmonie peut se déverser à travers les bûches,
Pourvu que l'eau pure puisse y trouver aisément sa voie.
N'aie pas peur, tu n'es pas différent de ceux qui te regardent,
Le temps fait évoluer les mœurs, et du rejet des autres te garde.
Tu n'es pas esclave de cette orientation que tu n'as pas choisi d'avoir,
Car c'est elle qui est venue te chercher dans ton lit un beau soir.
Le jour viendra où chacun regardera son voisin avec approbation,
Même s'il s'agit d'un long combat parsemé de haine que l'on peut redouter.
Le temps arrivera où toutes et tous nous irons dans la même direction,
Où nos différences deviendront une force que personne ne pourra rebouter.
Le visage de l'oppresseur ne doit pas te faire cette peur que tu ressens,
Car c'est de cette inquiétude qu'il se nourrit et non du dieu du vent.
Ne laisse pas entrevoir ton désarroi face à cette adversité qui sur toi s'abat,
Car les hommes et les femmes naissent et vivent libres et égaux ici-bas.
Ne crains pas l'opprobre grâce auquel certains voudraient te miner,
Personne n'a le droit de te dire que tu as juste le droit de te cacher.
Cet immense carcan de honte dans lequel on veut tenter de t'incriminer,
Doit être la force dont tu dois user afin de te défendre si on vient te chercher.
Sois maître de ce que tu es, et fier de ceux que tu représentes,
Car même si tu n'as pas demandé à être un étendard pour cette communauté,
Tu le deviens par la force des choses et de tes amours dites dissidentes,
Sois donc fier des couleurs que tu portes, et transporte aux autres ta moralité.
Peu importent ta couleur, ta religion, tes origines et tes pensées,
Peu importe que tu sois né homme ou femme en ce monde insensé,
Peu importe la difficulté de tes épreuves passées, présentes et futures,
Personne n'a le droit de te faire plier, pas même sous les pires tortures,
Car de l'obscurité la plus totale peut naître la lumière la plus lumineuse,
De la négativité la plus profonde peut venir le positivisme le plus beau.
Du rejet de l'autre que tu subis peut surgir l'admiration la plus merveilleuse,
Du noir peut se manifester le blanc, et se métamorphoser en arc-en-ciel d'idéaux.
Bloodwitch Luz Oscuria
Bien que ce texte n'ait pas été choisi pour faire partie de ceux qui figureront dans le recueil à venir, je vous donne tout de même le lien de la page Facebook du projet, ça se passe par ici : https://www.facebook.com/StonewallRecueil/. Et je vous donne également le lien du site web qui a été créé pour ce recueil. Parce qu'il s'agit d'une cause qui me tient à coeur comme je disais plus haut, et que je soutiens ce projet. En visitant ces deux liens, vous en apprendrez davantage sur ces fameuses émeutes de 1969, en plus de pouvoir suivre l'évolution du recueil. Pour ma part, je ne me sens pas triste que mon texte n'ait pas été choisi, le fait d'avoir envoyé une participation était le plus important, et je suis fière de vous la présenter aujourd'hui. J'espère que vous avez apprécié la lecture de ce petit poème.
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09:03
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Je suis descendue à la station Charles de Gaulle Etoile, la plaque tournante entre le métro dont je sors, et le RER A que j’ai déjà pris un grand nombre de fois. J’ai à présent le choix entre rejoindre le centre de la capitale, ou m’éloigner vers Cergy ou Saint-Germain-en-Laye. Le cœur de Paris, c’est Châtelet Les Halles. J’y ai tellement traîné lorsque j’étais plus jeune. Autant la plupart de mes souvenirs sont flous, voire effacés, autant je me souviens de la place de la Fontaine des Innocents, où l’eau coulait alors. J’ignore si c’est encore le cas aujourd’hui, et j’ai tout à coup envie d’aller le vérifier.
Je me décide à prendre le RER en direction du quartier Beaubourg. Il me fera plaisir de retrouver cette fontaine, auprès de laquelle j’aimais bien m’asseoir avec mes écouteurs aux oreilles à l’époque, avant que je ne devienne maman. La seule différence, c’est qu’aujourd’hui je n’ai pas de MP3 dans mon sac. Cela fait longtemps que n’écoute plus de musique, parce que je n’en ai pas le temps. Ou du moins, je ne le prends pas.
Après un trajet d’une bonne dizaine de minutes, j’arrive à Châtelet. Le temps de sortir des méandres de cette plateforme ô combien grande et labyrinthique, je monte enfin les escaliers qui me séparent du jardin des Halles. J’hésite entre traverser ce havre de paix ou aller m’asseoir près de la fontaine. Mon cœur me dit de choisir la seconde option.
Je tourne donc à gauche, et m’approche de l’édifice. Tandis que je m’attendais à le retrouver aussi fringant qu’à l’époque où j’y venais régulièrement, je découvre avec effroi que non seulement l’eau ne coule plus, mais en plus que les détritus s’y amoncellent. Il manque même des morceaux du monument, qui trône à présent comme un dépotoir au beau milieu de la place. Les choses ont décidément beaucoup changé par ici.
Cela me rappelle les travaux qui ont eu lieu au niveau de l’Elysée Montmartre, suite au terrible incendie qu’il a subi en mars 2011. C’était une chouette salle de concerts, j’y allais de temps à autre le soir quand j’étais jeune, après être passée dans le petit magasin de prêt-à-porter qui l’accole depuis 1925. J’y ai déjà trouvé des vêtements très corrects, à bas prix. Mon propre père se rendait dans la salle lui aussi, dans le but de supporter ses catcheurs préférés durant sa propre jeunesse.
C’était le bon vieux temps, celui de la désinvolture et de l’innocence. Aujourd’hui, le monde a évolué, et pas qu’en bien malheureusement. Mais s’il y a bien une chose qui n’a pas changé, c’est le monde qui y circule. Je me suis toujours demandé ce que font tous ces gens à cet endroit. Je me souviens vaguement avoir croisé un sans-domicile-fixe par ici, il y a quelques années. Il donnait des graines par centaines à des pigeons à côté de Beaubourg. Il était Italien de naissance selon mes renseignements pris auprès des badauds, et parlait avec un accent à couper au couteau. Et il était d’une grande douceur pour ces volatiles si peu aimés des Parisiens. Le regarder au loin, les pigeons lui tournoyant autour, c’était vraiment un joli spectacle. J’ignore ce qu’est devenu cet homme depuis.
Je me souviens de ces gens qui se sont tenus près de moi une fois, à le regarder tout comme moi, se racontant que ce vieil homme s’était fait jeter hors de son appartement, parce qu’il nourrissait des pigeons justement. Je crois me rappeler que j’avais déjà trouvé cela odieux à l’époque. Et quand bien même cela n’aurait pas été le cas, je le pense sincèrement aujourd’hui.
Il paraît qu’il existe une loi interdisant de nourrir les pigeons. C’est possible, cela ne me surprendrait pas. Néanmoins, les gens qui ont voté cette loi, ont-ils pensé aux services que ces oiseaux si mal-aimés aujourd’hui ont pu rendre au peuple français durant les deux guerres mondiales ? Ces messagers du ciel ont changé le cours des choses, et aujourd’hui nous n’avons pas le droit de leur donner à manger.
Vraiment, je ne comprends pas la mentalité de mon pays. Si je croisais cet homme aujourd’hui, je le remercierais des soins qu’il donne à ces oiseaux. Or il ne semble pas être là, alors que je passe par l’endroit où je l’avais déjà repéré auparavant.
Je passe donc mon chemin, afin de me perdre dans les petites rues alentour. Je prends enfin quelques secondes pour vérifier l’heure qu’il est. 11 heures. Le temps file à la vitesse du vent aujourd’hui. Je vois déjà des gens s’attabler sur les terrasses des nombreux cafés du quartier, des couples, des collègues, rarement des personnes seules comme moi.
Je décide d’aller moi aussi m’installer à une de ces terrasses. Le serveur vient me demander quelques secondes plus tard ce que j’aimerais boire. Je ne prendrai pas de whisky aujourd’hui, ce sera une simple bière, qu’il vient m’apporter peu après, avec ma note. Je ne sais pas encore si je vais déjeuner ici. J’ignore ce que je vais faire du restant de ma journée. Je n’ai envie de rien. Tout ce que je sais, c’est que je serai devant l’école de mon fils à sa sortie. Pour une fois que j’ai l’occasion d’y être, je ne vais pas la rater.
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12:04
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Finalement, j’arrive devant mon bureau à 8 h 15. Et j’aperçois déjà le responsable de la boîte arriver à l’autre bout, saluant un à un tous ses employés. Il s’agit d’un open space sur plusieurs dizaines de mètres carrés, typique des grands bureaux parisiens. Nous sommes une vingtaine à travailler dans cet espace immense, chacun devant un grand bureau suffisamment éloigné des autres pour que nous puissions travailler en paix, mais aussi assez proche les uns des autres afin de pouvoir nous entendre en cas d’échange oral quelconque.
C’est à la fois plaisant, et désagréable. Le côté désagréable, c’est quand vous vous levez pour vous rendre aux toilettes par exemple. Tout le monde est au courant, parce que tout le monde vous voit y aller ! Je suis toujours ennuyée dès lors que mon tour d’avoir envie arrive. Je suis un être humain, ma vessie n’est pas sans fond, je suis obligée de la soulager de temps à autre. Tous ces yeux qui se posent sur moi dès que je lève une fesse de mon fauteuil, vraiment, ça me dérange. Beaucoup. Aussi, j’essaie de me diriger vers les toilettes le moins possible.
– Bonjour madame Labruges. Dites-moi, vous n’êtes pas revenue hier après-midi.
– En effet, monsieur le directeur. L’entretien a été long, je suis désolée.
J’ai répondu ainsi sous la panique. Mes mains se sont mises à trembler, et j’ai commencé à suer à grosses gouttes dès qu’il a ouvert la bouche. Alors c’est ainsi que l’on se sent, quand on est coupable de quelque chose. Comment se sent à l’heure actuelle le meurtrier d’avant-hier ? Est-ce qu’il se trouve aussi mal que je le suis en ce moment ? Est-ce qu’il a été attrapé par la police ? Je n’ai pas eu le temps de me renseigner à ce sujet, je n’ai pas regardé la télévision ni les actualités sur mon mobile. Je ne sais rien de ce qui a pu se passer dernièrement.
Et tout à coup, cela m’effraie. Car ce tueur, il m’a vu. Il sait qui je suis. Ou du moins, à quoi je ressemble. Peut-être qu’il me suit à la trace, où que j’aille, depuis lundi. Peut-être même qu’il sait ce que j’ai fait la nuit dernière, tandis que moi-même je suis incapable de m’en rappeler. Il sait sûrement des détails que j’ignore à mon propre sujet, j’en suis convaincue.
– Soit, si vous pouvez rattraper votre retard aujourd’hui, ce serait pas mal.
Mon supérieur vient de me sortir de ma torpeur. Comme d’habitude, il aura fallu que l’on me parle pour que je revienne à la réalité. Sans me laisser le temps de répondre, il passe déjà à ma collègue d’en face et lui serre une main sûre, ce à quoi elle répond par un sourire bête et un « Bonjour ! » on ne peut plus niais. Je ne la supporte pas. D’ailleurs, c’est simple, nous ne discutons jamais, car je crois qu’elle non plus ne me supporte pas. Nous venons de deux mondes différents, elle a une dizaine d’années de moins que moi, vit toujours chez ses parents, et a obtenu sa place ici grâce à l’un de ses oncles qui travaille dans cette entreprise.
Moi, j’ai pris mon envol depuis longtemps. Ma mère est décédée alors que je n’étais encore qu’une enfant. Quant à mon père, il a suivi le chemin de ma mère, cela remonte à maintenant quelques années. Il a connu William, mais mon fils n’était alors qu’un nourrisson quand il est parti.
William ! Je récupère rapidement mon mobile, me lève sans faire attention à tous les regards qui se dirigent vers moi, et je sors du bureau. Dans le couloir, je retrouve Claire dans ma liste de contacts, et je place immédiatement mon pouce sur son nom dès que je le vois. En l’entendant m’accueillir au bout du fil sans aucune appréhension, je comprends que Julien a dû être très rassurant la veille, lorsqu’il lui a parlé.
Je la rassure quant au fait que je viendrai récupérer mon fils après mon rendez-vous avec le docteur Tullier, comme d’habitude, aux alentours de 20 h 30. Le mercredi, c’est le seul jour de la semaine où je n’ai pas le droit de faire n’importe quoi. Même si je dois admettre que j’ai déjà dérogé à cette règle, un bon nombre de fois de surcroît.
Mon emploi du temps va être sacrément chargé aujourd’hui, entre mon retard d’hier et mon rendez-vous de ce soir. Et Julien qui m’a demandé de le rappeler également après le travail. Cela fait beaucoup pour une journée. Je retourne à mon bureau, où mes yeux se posent immédiatement sur la pile de dossiers qui y trône fièrement. Je me sens agressée par ces papiers, de toutes les couleurs, dont certains dépassent un peu de l’ensemble.
Un soupir s’échappe de ma bouche. Je croise le regard de ma collègue d’en face, qui se met à ricaner doucement en voyant mon désarroi. Je lui mettrais bien mon poing dans la figure, sauf que ça ne se fait pas, surtout pas devant autant de témoins. Je m’attirerais forcément des problèmes. En revanche, si je la croisais au détour d’une ruelle sombre, ce serait une autre histoire.
On ne peut pas dire que je sois une personne très calme. En effet, il peut m’arriver d’avoir des pensées extrêmement violentes, notamment lorsque je pense à quelqu’un que je ne supporte pas. Et cette collègue, je ne peux absolument pas l’encadrer. Tout me déplaît chez elle et ne m’inspire rien d’autre que du mépris. Elle semble toujours être en train d’épier chacun de mes faits et gestes. Je suis certaine qu’elle sert de commère au patron. Je suis convaincue que quand elle discute avec lui, elle parle dans mon dos. Elle lui raconte toutes mes casseroles, aussi rares soient-elles, j’en mettrais ma main au feu.
* "La Brume de l'oubli" est disponible depuis le 15 août 2019.
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20:11
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"La Brume de l'oubli", de Bloodwitch Luz Oscuria |
– Les mains en l’air !
Mon sang ne fait qu’un tour dans mon enveloppe corporelle. Cette voix si froide, si grave, si… Tant de choses se bousculent dans ma tête à cet instant. Je crois que j’ai conscience de ce qui arrive, pourtant je me demande…
– J’ai dit les mains en l’air !
La voix n’était déjà pas calme lors de son premier retentissement. A présent l’effroi s’empare de moi. Ce qui m’entoure est réel, je reconnais les lieux, tandis que mes yeux viennent de se fermer. La peur, sans doute.
– Je vais tirer !
– Non !
Mes mains se lèvent. Le geste est si mécanique que je ne suis pas certaine de l’avoir effectué. Le silence m’entoure alors. Je ne vois rien, je n’entends rien non plus. Il me semble que je suis dans une supérette.
– La caisse !
Un bruit de tiroir parvient à mes oreilles. L’hôtesse de caisse laisse s’échapper un petit cri. Puis j’entends l’agresseur charger son arme. Il va tirer, c’est sûr. Qui qu’il soit, et quoi qu’il veuille, il va y avoir une victime.
Je m’appelle Catherine, j’ai 35 ans. J’étais en train de faire mes courses afin de pouvoir remplir mon estomac, mais aussi celui de mon fils, William. Il a 5 ans, et il m’attend patiemment chez Claire, sa gentille nounou à qui je l’ai confié ce matin avant de partir au travail. C’est elle qui l’a emmené à l’école, comme tous les jours du lundi au vendredi. Et c’est elle qui l’a récupéré après l’école, lui a donné son goûter, a joué avec lui… Ce que n’importe quelle maman aimerait beaucoup faire en compagnie de son enfant. Seulement voilà, j’ai un poste, à la rémunération plutôt confortable il faut le dire, dans une société de prêts affiliée à une banque très connue. Je suis riche, j’habite un bel appartement en plein cœur de Paris, à moi. Les sacrifices payent.
– Dépêche !
Le retour à la réalité est si rude que mes yeux se rouvrent. Et je vois enfin ce qu’ils refusaient de me montrer. Un homme cagoulé, entièrement de noir vêtu, braquant la pauvre hôtesse de caisse paniquée à la tempe, tandis qu’elle vide sa caisse dans le sac qu’il lui tend, impatient.
Je devrais m’enfuir. Et vite. Cependant, il m’est impossible de bouger. Je suis toujours les mains en l’air, et je ne sais même pas pourquoi. Mon regard reste porté sur cet homme, dont il serait parfaitement impossible pour qui que ce soit d’en donner le moindre élément de description. Il semble mince, et il est élancé. De là où je me trouve, je ne puis rien voir d’autre. Rien ne le distinguerait de quiconque. Si ce n’est son accent quand il menace l’hôtesse de caisse. On dirait qu’il tente de camoufler maladroitement sa voix, s’inventer un ton qu’il n’a pas. Peut-être dans le but ne pas être reconnu ? C’est sans doute ce que j’aurais également fait, si…
Mais je ne suis pas une criminelle, moi ! Je suis une honnête mère de famille ! J’ai un travail, bien payé de surcroît, j’ai un fils que j’aime infiniment, j’ai une nounou en or qui s’occupe de lui comme s’il avait été son propre fils, j’ai… Tant de choses. Et rien à la fois.
Le père de mon fils ? Je ne sais pas. Cet homme a disparu de ma vie avant que William ne voie le jour. C’est ce qui arrive quand on ne choisit pas la bonne personne pour fonder une famille. Et non, cela n’arrive pas qu’aux autres, moi aussi je suis passée par là. Moi aussi j’ai rencontré mon lot d’épreuves, de joies et de peines. En principe, ce sont surtout ces dernières que l’on retient. Le positif, je ne sais trop où il est parti. Il est complètement enterré, dans les abysses de mes souvenirs. Si loin que je ne me souviens pratiquement de rien. Tout est flou, rien n’est clair.
C’est pour cette raison que je suis suivie. Chaque semaine, je dois aller voir le docteur Tullier, pendant une bonne heure à chaque consultation. Un brave homme, qui parvient je ne sais comment à embrasser la souffrance des gens sans sourciller, et qui est toujours de bon conseil.
– Pan !
Puis le silence. Il a tiré. Tout est allé si vite qu’il n’y a plus personne quand je me décide à regarder en direction de la caisse. Où est-il ? Et elle, l’hôtesse de caisse, où est-elle ?
Je suis tétanisée à cet instant précis. J’ai très peur de ce que je vais découvrir en m’approchant de la caisse. Car je sais très bien ce que je vais y voir. Une mare de sang au sol. Et l’hôtesse qui va baigner dedans. Où donc s’est logée la balle qu’elle vient de se prendre ?
Mon caddie attendra, mes pieds me dirigent vers la scène du crime sans que je puisse résister. Et au bout de ces quelques mètres qui me séparent de ce qui obnubile expressément mes pensées, je vois. Exactement ce que j’imaginais quelques secondes plus tôt. J’ai l’impression d’avoir déjà vécu ça. Mais quand ? Dans quelles circonstances au juste ? Impossible de me souvenir, ces images me paraissent lointaines tout à coup. Comme la plupart, pour être honnête.
Le silence a repris possession des lieux. Il me semble que je suis seule. Il n’y avait déjà personne au moment où j’ai fait mon entrée triomphale, avec mon caddie en fin de vie aux roues si usées qu’elles grincent toutes les unes en chœur après les autres. A présent, cette solitude me gêne. Enfin, je crois qu’elle me gêne. Je ne sais pas, c’est une sensation étrange qui s’empare de moi et j’ignore comment l’interpréter.
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11:40
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"Growing Antichrist, tome 1", de Bloodwitch Luz Oscuria |
Quelques jours plus tard, alors que l’inquiétude de Silvana allait en grandissant chaque jour, elle retrouva Hortense un beau matin, dormant sur le canapé. Elle eut une envie furieuse de la réveiller afin de savoir ce qui lui était arrivé, mais sa demi-sœur dormait si profondément qu’elle n’osa pas.
Et elle fit bien. Car à peine réveillée, Hortense se montra fort désagréable avec tout le monde. Elle envoya Kenza sur les roses lorsque celle-ci lui demanda si elle allait bien. Elle insulta presque Idril quand cette dernière l’invita à manger quelque chose. Et elle faillit se jeter toutes griffes dehors sur Byron quand il lui proposa un verre d’eau. Silvana, elle, regardait la scène du coin de l’œil, assise sur la première marche de l’escalier qui menait à l’étage. Elle ne reconnaissait plus Hortense.
Le lendemain, c’est Idril qui disparut. Hortense n’en avait que faire, elle restait dans son coin à grommeler dès que l’occasion s’y prêtait, si bien qu’aucun de ses compagnons ne l’approchait plus désormais. Et de la même façon qu’Hortense peu de temps auparavant, Idril fit sa réapparition après quelques jours. Cette fois, c’est Byron qui la découvrit endormie sur le canapé.
Idril était métamorphosée, tout comme l’avait été Hortense. Elles avaient beau se parler entre elles, prenant garde à ce que personne ne les entende, il était impossible à quiconque de leur adresser la parole sans qu’elles deviennent agressives. Le plus étonnant étant que leurs rapports n’étaient pourtant pas si amicaux que cela habituellement.
Le lendemain, ce fut au tour de Gwendal de disparaître. Silvana, Kenza et Byron ne comprenaient pas ce qui était en train de se passer. Ils s’attendaient en tout cas à le revoir bientôt. Et en effet, quelques jours plus tard, Byron le découvrit endormi sur le canapé.
L’ambiance au sein de la colocation était plus explosive que jamais. Et quand Byron disparut à son tour, Silvana ne sut plus à quel saint se vouer. Après en avoir discuté avec Kenza, les deux jeunes filles décidèrent de ne plus se lâcher d’une semelle, afin qu’il ne leur arrive pas le même sort qu’à leurs camarades.
Toutefois, ces précautions ne suffirent pas, Kenza disparut également avant de revenir quelques jours plus tard, elle aussi transformée. Il ne restait désormais plus que Silvana. Dès qu’elle tentait d’approcher ses compagnons, elle était violemment rejetée, soit avec des paroles, soit avec des gestes. Elle décida de ne pas insister. Elle avait besoin de réfléchir afin de trouver une solution. Elle prit donc la décision de se rendre en ville afin d’y prendre un déjeuner. Cela lui permettrait certainement de vider un peu son esprit.
Les heures passaient, et elle ne savait toujours pas quoi faire. Elle se décida à rentrer. Et quand elle s’approcha du logement, elle entendit de grands éclats de voix à travers une fenêtre laissée ouverte. Elle se faufila sans bruit jusqu’à elle, et tenta un coup d’œil à l’intérieur. Ce qu’elle découvrit lui déplut. Tous ses compagnons étaient installés autour de la table basse avec Marylinn.
– Il semblerait, dit Marylinn, que les murs ont des oreilles.
– Comment ça ? soupira Idril.
– Ou plutôt, que les fenêtres nous écoutent.
Le groupe se tourna vers la seule fenêtre ouverte de la pièce. Ils aperçurent Silvana, figée de peur.
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11:05
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"Growing Antichrist, tome 1", de Bloodwitch Luz Oscuria |
Quand Silvana reprit ses esprits, après une chute interminable, elle était au milieu de son salon. Seulement, était-ce bien sa maison, n’était-elle pas encore dans une réalité déformée ? Ce qui la rassurait néanmoins, c’est que Gwendal était toujours à ses côtés. Il reprenait doucement ses esprits lui aussi. Elle ne le connaissait ni d’Eve ni d’Adam, néanmoins elle se sentait davantage en sécurité d’avoir quelqu’un auprès d’elle.
Tout à coup, alors qu’ils tâchaient tous deux de se remettre des évènements qui venaient de leur arriver, Idril fit irruption au seuil de la pièce. Elle reconnut Gwendal au premier coup d’œil et se jeta immédiatement sur lui. Il fallut un moment au jeune homme pour comprendre de qui il s’agissait. Voyant à quel point elle semblait heureuse de le voir, Silvana proposa à ce dernier de rester avec elles. De toute façon, où pouvait-il bien aller ?
Le regard de la jeune fille se posa ensuite sur la table. Les fleurs n’étaient plus là. Hortense entra dans la pièce à ce moment, et posa le vase désormais vide sur la table. Silvana était bel et bien de retour chez elle, comme si rien ne s’était passé. Elle était désormais plus décidée que jamais à régler son compte à l’Eliminati.
Le lendemain matin, elle ne fut pas surprise en se réveillant de se rendre compte que Gwendal était toujours là. Cependant, aucune trace de son père, ni d’Idril, ni d’Hortense. Des bruits de casseroles provenant de la cuisine la rassurèrent. Dans la chambre, il ne restait plus que Gwendal et elle. Il était profondément endormi, d’un repos qu’elle estimait bien mérité. Il ne descendit au salon que plusieurs heures après que Silvana ait rejoint ses sœurs et son père, visiblement encore mal réveillé en ce dimanche matin. Gwendal décida de passer sa journée à tourner en rond à travers toutes les pièces de la maison, « pour m’habituer » comme il expliqua lui-même. Cela faisait bien trop longtemps qu’il n’avait pas vécu une vie normale, entouré de gens normaux.
Quelques jours plus tard, alors que ses sœurs et son père venaient de partir faire quelques emplettes, Silvana et Gwendal profitèrent de leur premier véritable tête à tête depuis qu’il avait intégré leur vie. Il lui parla un peu de lui. Il raconta n’avoir jamais connu sa mère, en posséder seulement une photo qui était malheureusement restée à l’intérieur de la maison des enfants du Diable. Bien que consciente des risques que cela impliquait, Silvana lui proposa d’y retourner un jour prochain, afin de récupérer cette photo. Sa propre image maternelle avait beau être bancale, elle comprenait ce besoin que Gwendal avait de retrouver sa mère.
Il parla ensuite d’Idril. En écoutant ses dires, Silvana perçut à quel point ils se connaissaient bien tous les deux. Quand elle poussa la curiosité jusqu’à lui demander s’ils avaient eu une aventure, il commença à bégayer avant de se reprendre et d’expliquer qu’il était effectivement sorti avec elle, bien avant qu’il n’intègre le cercle des enfants du Diable. Il n’était pas encore majeur et vivait dans sa famille, non loin du fief de l’Eliminati. Il avait croisé la route d’Idril alors qu’elle plantait des fleurs aux abords de la maison maudite. Il avoua s’être laissé enrôler au sein des enfants du Diable pour être auprès d’elle, mais ne l’avait jamais recroisée à l’intérieur, celle-ci ayant été monopolisée par l’Eliminati dès lors qu’il s’était rendu compte qu’elle fréquentait des humains ne faisant pas partie de ses sbires.
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07:24
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"Growing Antichrist, tome 1", de Bloodwitch Luz Oscuria |
C’est à ce moment que tout bascula à nouveau. Les lumières s’éteignirent d’un seul coup comme la veille, il fit tellement noir que l’on n’y voyait plus rien. Silvana interpella sa demi-sœur pour lui demander de la rejoindre, mais elle n’obtint pas de réponse. Elle fit tout d’abord le tour de la pièce à l’aveuglette, mais elle dut se rendre à l’évidence, Hortense avait disparu. Elle tenta donc de rejoindre l’escalier sans trop se cogner, pensant que sa demi-sœur était peut-être déjà montée à l’étage. Elle finit par retrouver les marches au bout d’une bonne demi-heure de tâtonnements. Elles n’avaient pas disparu, ou elles n’en avaient pas eu le temps. La jeune fille commença à grimper les marches à quatre pattes pour ne pas faire de bruit. Ne sachant à quoi s’attendre, elle préférait se faire discrète.
Arrivée à l’étage, elle ouvrit la porte de la chambre et appuya sur l’interrupteur. Pas de lumière, bien entendu, elle n’aurait pas dû s’attendre à ce qu’elle s’allume. Elle appela Hortense, qui ne répondit pas. Elle se mit alors à ramper jusqu’à son lit, tout en pensant à sa demi-sœur, et elle plongea entre ses draps dès qu’elle les atteignit, afin d’essayer de dormir.
Mais, tout comme la nuit précédente, des bruits inquiétants troublaient le silence dès qu’elle fermait les yeux. La différence avec la veille, c’est que Silvana était maintenant toute seule. Après un bruit soudain auquel elle ne s’attendait pas, un réflexe la fit se redresser sur son lit, ce qui eut pour effet de faire taire toute sonorité alentours. On aurait dit que quelque chose ou quelqu’un surveillait le moindre de ses faits et gestes, et agissait en conséquence.
Quand la jeune fille s’allongea à nouveau, l’ambiance si oppressante de la maison reprit de plus belle, avec ses manifestations sonores qui la dérangeaient tant. Néanmoins, elle prit la décision de ne pas y prêter attention et de tenter de s’endormir malgré cela, oubliant qu’elle disposait de deux briquets au fond de la poche de son jean. Briquets qui lui auraient été bien utiles pour vérifier d’où tous ces bruits pouvaient bien venir. Elle était tellement paniquée qu’elle n’y avait pas pensé.
Quand elle rouvrit les yeux le lendemain, et cela était à prévoir, tout était redevenu normal. Il était dix heures selon son réveil, elle avait réussi à faire une grasse matinée malgré la peur panique qui s’était emparée d’elle la veille. Soudain, elle repensa à sa demi-sœur : qu’était devenue Hortense ?
* "Growing Antichrist, tome 1" est disponible depuis le 13 novembre 2014.
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14:00
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"Fiat Tenebra (Que les Ténèbres soient)", de Bloodwitch Luz Oscuria |
Soudain, il lui vint une idée. Bien que cela faisait très longtemps qu'elle n'avait pas usé de ces dons, elle se dit qu'ils lui seraient utiles pour se diriger au sein de la forteresse mystérieuse. D'un geste, elle fit apparaître une boule de feu entre ses mains, comme si elle n'avait jamais perdu ce qu'elle avait appris. Sa lueur lui permit de distinguer ce qui l'entourait. C'est avec surprise qu'elle constata que le couloir dans lequel elle se trouvait était incroyablement long. Elle poussa un long soupir et reprit sa marche, tournant la poignée de chacune des portes qu'elle voyait.
Jusqu'à ce que l'une d'elle se mette à grincer, et que la porte s'ouvre. Bloodwitch esquissa un sourire, et pénétra dans la pièce après avoir fait disparaître sa boule de feu. Le soleil commençait à se lever, et les épaisses tentures aux fenêtres de la pièce laissaient une luminosité suffisante pour pouvoir distinguer correctement l'endroit. Il s'agissait d'une chambre, dont un grand lit à baldaquin trônait fièrement en bonne place. La Vampire s'en approcha afin d'apprécier le doux tissu dont il était recouvert. Son regard fut attiré par un objet qui répercutait la faible lumière qui traversait les rideaux de la pièce et qui venait de lui éblouir les yeux. C'était un miroir.
Elle y découvrit son aspect, qu'elle n'avait de souvenir jamais vu. Pas particulièrement grande, elle était pourvue d'une longue chevelure d'une couleur noire comme l'ébène. Ses yeux noisette et son nez fin lui firent penser à sa mère de qui elle les tenait. Mais les cicatrices sur son visage, et les crocs luisants qui apparaissaient dès lors qu'elle ouvrait la bouche, lui rappelèrent un autre souvenir, celui qu'elle n'était plus une simple mortelle. Puis elle détailla ses vêtements. Cela faisait un moment qu'elle baladait sur elle un corset, et il avait tant servi qu'il était déchiré de toute part. A vrai dire, c'était un vrai miracle que la ficelle, qui lui permettait de le fermer, continue de tenir. Bloodwitch s'amusa de ce qu'il avait l'air aussi solide qu'elle l'était. Car oui, elle l'était, elle n'en doutait plus au vu de tout ce qu'elle avait traversé jusque-là, et les trous sur sa jupe ainsi que l'usure de ses bottes confirmaient les épreuves qu'elle avait endurées.
Tout à coup, alors qu'elle se regardait toujours, elle sentit quelque chose se poser sur son épaule, sans qu'elle ne vit quoi que ce soit dans le miroir. Elle se retourna brutalement, et ce n'est qu'après la chute de Victor qu'elle comprit. C'est sa main qui s'était posée sur elle, seulement elle n'avait pu voir son reflet dans le miroir car lui était un véritable Vampire, ce qu'elle n'était pas elle-même, expliquant qu'elle pouvait se contempler. Elle resta debout, alerte, et le regarda se relever en grommelant.
* "Fiat Tenebra (Que les Ténèbres soient)" est disponible depuis le 26 novembre 2015.
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12:38
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"Fiat Tenebra (Que les Ténèbres soient)", de Bloodwitch Luz Oscuria |
Quand elle en sortit, l'aube était là. Elle regarda autour d'elle, sentant une angoisse monter. Fort heureusement, elle aperçut au loin une maisonnée, elle avait là son abri pour la journée. Hélas, au fur et à mesure qu'elle s'en approchait, elle constata que de la fumée s'échappait de la cheminée. Quelqu'un vivait donc là, et il s'agissait forcément d'un mortel. Bloodwitch s'approcha tout de même, en prenant garde de ne pas être vue. Elle arriva enfin à hauteur de la maisonnée, et elle jeta un œil par l'une des fenêtres. Non seulement elle reconnut l'apparence d'un homme, mais il n'était pas seul. Il y avait également une femme et un enfant qui ne semblait ne pas avoir l'âge de marcher. Elle n'avait plus le choix, il lui fallait s'abriter rapidement, car le soleil commençait déjà à caresser les champs de ses rayons.
Alors elle frappa poliment à la porte, espérant pouvoir se faire passer pour une voyageuse quelconque cherchant juste un lieu pour se reposer quelques heures. C'est la dame qui lui ouvrit, néanmoins celle-ci était tellement méfiante que Bloodwitch ne parvint pas à la convaincre de la laisser s'introduire à l'intérieur. Devant son insistance, l'homme se présenta dans l'encadrement de la porte et incita l'intruse à partir. Bloodwitch sentait le soleil lui chauffer dangereusement la peau, et elle ne trouva aucune autre idée que de se jeter sur l'homme afin de se mettre à l'abri. Celui-ci la rejeta si violemment que son crâne heurta le bord de la table à manger. Bloodwitch porta une main derrière sa tête et gémit de douleur, découvrant par mégarde ses crocs. La femme se mit à hurler avant de se précipiter sur son enfant pour le protéger, et l'homme s'empara de son fusil de chasse laissé non loin de l'entrée.
Bloodwitch comprit qu'elle ne pouvait lui laisser la vie sauve, aussi se rua-t-elle sur lui pour l'empêcher de tirer. Une balle était incapable de la tuer, mais elle savait que s'il parvenait à lui en loger une quelque part, elle deviendrait assez faible pour qu'il puisse la jeter dehors, en proie au soleil. Elle n'hésita pas et lui brisa la nuque sans autre forme de procès. L'homme tomba raide mort, sous un cri déchirant venant à la fois de la mère et de l'enfant qui, malgré son jeune âge, avait l'air de bien concevoir ce qu'il venait de se passer. Bloodwitch ramassa le fusil tombé à terre, et se tourna vers les survivants.
– Par pitié, implora la femme en pleurant, laissez-nous tranquilles !
* "Fiat Tenebra (Que les Ténèbres soient)" est disponible depuis le 26 novembre 2015.
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12:13
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"Fiat Tenebra (Que les Ténèbres soient)", de Bloodwitch Luz Oscuria |
La Vampire était exténuée. Son exil l'avait menée bien au-delà de ses terres d'adoption, aux abords d'une cité inconnue, suite à des mois de marche et de fuite de l'astre solaire. Les souvenirs de ce qu'elle avait vécu à Pandémonia la hantaient inlassablement, elle ne parvenait aucunement à s'en défaire. Avoir retrouvé son âme, perdue au moment de la résurrection de l'un de ses fils, lui infligeait tellement de mal qu'elle aurait presque préféré rester cette créature sanguinaire qu'elle était devenue alors. Celle qui, dépourvue de tout sentiment, se plaisait à vider avec délectation le sang des nombreuses victimes qu'elle produisit.
A présent, dès que ses yeux se fermaient, elle revivait ces instants détestables qu'elle avait pourtant su apprécier quand elle y était. La torture, l'hémoglobine, la supériorité, elle n'en voulait désormais plus. Si elle le pouvait, elle se transpercerait le cœur elle-même, juste pour faire cesser ce supplice de chaque instant. Pourquoi subissait-elle des tourments si nombreux ? Qu'avait-elle fait de mal pour devoir supporter ces visions, tellement réelles qu'elle entendait toujours résonner les hurlements de peur et de douleur de ses victimes ?
Elle était éreintée, il lui fallait cesser sa course folle sans objectif vers l'inconnu. Pandémonia était très loin derrière elle, elle avait parcouru un nombre incalculable de kilomètres, tant et si bien qu'un village inconnu se présenta à ses yeux, un panneau à son entrée. Il y était inscrit le nom d'un lieu qu'elle ne connaissait aucunement. Hollow Wind. Elle décida d'y effectuer une pause avant de se rendre ailleurs. Mais où ? Elle l'ignorait. En effet, depuis le début de sa fuite, elle ne savait que faire, elle n'allait que là où ses pieds la dirigeaient.
Hollow Wind lui sembla un endroit parfait pour se reposer un temps. Elle venait de finir la traversée d'une forêt beaucoup plus sombre et dense que celle qui entourait Pandémonia et qu'elle connaissait pour l'avoir parcourue maintes fois. Cette forêt-ci était différente, il s'en dégageait un parfum de mort particulier. Il suffisait effectivement de s'éloigner du petit sentier qui la traversait pour apercevoir des cadavres pendus aux arbres çà et là. Sans doute les victimes de chasses barbares dans le goût de Vampires trop attirés par l'hémoglobine.
Les corps de la plupart des cadavres était effectivement secs, certains n'avaient d'ailleurs plus qu'une peau grisâtre sur les os, tandis que d'autres étaient en pleine décomposition, au point que l'on pouvait en apercevoir le squelette à vif. Le tout dégageait une odeur effroyable qui était parvenue jusqu'aux narines de Bloodwitch. Elle avait par conséquent émis une grimace avant de fermer les yeux, et d'être encore assaillie par une de ces visions qui s'emparaient régulièrement d'elle depuis que son âme lui était revenue.
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12:06
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"La Brume de l'oubli", de Bloodwitch Luz Oscuria |
C'est la première fois que je fais ça. La première fois que je publie deux ouvrages en une seule année. Cependant, mettons-nous bien d'accord, mon recueil "De Retour des Ténèbres", sorti le 14 avril dernier, était en quelque sorte déjà écrit depuis bien longtemps puisque les poèmes qu'il contient ont été rédigés entre 2002 et 2008. Le travail n'a réellement été que la mise en plage finalement. Et ça représente déjà pas mal de temps passé devant mon écran, mine de rien. Mais clairement, je n'ai pas écrit de nouveauté.
Néanmoins, aujourd'hui, c'est bien d'une nouveauté qu'il s'agit. Je vous présente, ci-dessus, la couverture complète de mon prochain livre, que j'ai nommé "La Brume de l'oubli". Vous pouvez cliquer sur l'image afin de l'agrandir. Au cas où vous auriez des difficultés pour ce faire, je vous colle la 4ème de couverture ici :
« Je m’appelle Catherine. J’ai 35 ans, un appartement à Paris qui m’appartient, et un travail bien payé. J’ai aussi un fils de 5 ans, William, et une nounou en or, Claire. J’ai tout pour être heureuse. Et pourtant… »Suivie par un psychologue, elle tente d’avoir une vie normale au milieu des moments où elle perd pied entre alcool, débauche et trous noirs. Témoin privilégié d’un meurtre dans la supérette où elle a ses habitudes, sa petite vie déjà pas si tranquille va basculer, en seulement une semaine.
Mes livres précédents avaient tous un contexte de création particulier. "Nuit sur Pandémonia" (2013), "Fiat Tenebra" (2015) et "Les Saigneurs Divyns" (2017) ont eu leur base construite via un site web. "Growing Antichrist, tome 1" (2014), quant à lui, est le premier volume d'une pentalogie que j'ai débutée sur format papier, pour un total de 925 pages, 14 ans plus tôt. Enfin, mon recueil de poèmes, "De Retour des Ténèbres" (2019), comme dit plus haut je disposais également déjà des écrits.
Pour "La Brume de l'oubli", je suis partie d'une page entièrement blanche. Tout ce que je savais de cet ouvrage lorsque j'en ai commencé la rédaction, c'est que je voulais en faire un récit parfaitement réaliste, rédigé au présent et à la première personne, exactement à l'inverse des précédents. Parce que j'aime les défis, et celui-là en était un. Parce que oui, je dois reconnaître que si je ne me contrôlais pas, absolument toutes mes histoires prendraient une voie surnaturelle, d'une manière ou d'une autre. Pour "La Brume de l'oubli", j'ai fait un tout autre choix, et j'ai réussi à m'en tenir à ce défi de m'interdire toute allusion venue d'un autre monde. Nous avons donc là un roman réaliste qui se rapproche du thriller, à tendance psychologique, dont l'histoire se déroule à Paris, en 2019, et qui tourne autour de la vie tout de même bien particulière de la narratrice, Catherine. C'est qu'elle en a des choses à dire, et surtout à vivre ! Il aura donc fallu pas moins de 224 pages pour qu'elle puisse raconter son histoire. Pour autant, celle-ci ne couvre qu'une petite semaine de sa vie.
* "La Brume de l'oubli" est disponible depuis le 15 août 2019.
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"Nuit sur Pandémonia", de Bloodwitch Luz Oscuria |
La cérémonie d’adieu pour Woodstock put enfin avoir lieu au Temple, comme pour n’importe quel Pandémonien qui périssait, que ce soit au combat ou dans d’autres circonstances. Anteezia, le nouvelle Juge, y était présente malgré ses obligations. Elle était navrée de ce qui était arrivé à ce Vampire dont elle se sentait finalement assez proche, et trouvait normal de se déplacer pour lui rendre hommage.
Hadès et Mercredi, quant à eux, prirent la décision de quitter Pandémonia dès la fin de la cérémonie. Vitchka, elle, était la plus meurtrie par la disparition de Woodstock. Du moins, c’est ce que chacun pensait. Aone, lui, crut qu’il était en train de faire un mauvais cauchemar, tout au long des discours qui furent prononcés en la mémoire de son défunt jumeau. Quand il ressortit du Temple, il prit une décision sur laquelle personne ne parviendrait à le faire revenir. Et c’est sans rien dire à personne qu’il se rendit jusqu’au plus haut bâtiment de Pandémonia. Le palais de l’Inquisition. Le toit.
Ce n’est qu’une fois son corps tombé en contrebas que les Pandémoniens comprirent. Il s’était donné la mort, la vraie. Il n’avait pas réussi à digérer le suicide de son frère qui lui-même ne supportait plus le poids de son existence sans la mère de sa fille, c’est de cela qu’il parlait dans sa lettre. Aone venait de se supprimer lui-même pour rejoindre son jumeau, son double, celui sans qui il ne se voyait pas continuer à évoluer dans ce monde.
Au moment où Woodstock avait mis fin à son existence, Nightwitch avait ressenti comme un coup de poignard reçu en plein cœur. Elle s’était demandé ce qui se passait jusqu’à ce qu’elle reçoive le courrier de son fils, et alors seulement, elle avait fait le rapprochement.
Quand Aone s’éteignit, le même coup de poignard traversa instantanément les entrailles de Nightwitch. Elle ne se posa aucune question cette fois-ci, et quitta les bureaux du palais gouvernemental en toute hâte afin de chercher son autre fils. Elle en était persuadée, il lui était arrivé quelque chose. Quand elle découvrit le corps d’Aone, elle tomba à genoux d’impuissance devant lui.
Un peu plus tard, c’est au Temple qu’elle se retrouva, agenouillée face à l’autel, sur lequel on avait déposé le cadavre de son fils. On ne pouvait pas tellement parler de dépouille finalement, le corps étant resté étonnamment intact malgré la chute qu’Aone s’était infligée, il ne présentait absolument aucune blessure. En perdant son jumeau, il s’était perdu lui-même, sa mère le comprit et multiplia les prières à la Divyne durant sa veillée.
Elle était si envoûtée par ce qu’elle faisait, qu’elle ne vit pas le temps passer. Des minutes. Des heures. Des jours. Sans que rien ne se passe. Plus elle y réfléchissait, moins elle comprenait pourquoi Aone s’était donné la mort. Non, définitivement, il ne méritait pas ce qu’il s’était infligé.
Quand soudain, à force de prières, elle reçut un signe. Au départ, elle crut qu’il s’agissait d’Ivy elle-même. Mais quand la lueur qui s’était mise à éclairer le corps de son fils se changea en une lumière aveuglante, Nightwitch douta. Et lorsqu’elle fut projetée à l’autre bout du Temple par une force invisible, elle se demanda face à quel type d’ennemi elle pouvait bien être, et elle commença à avoir peur.
La peur. Un sentiment que les Vampires classiques ne connaissaient pas. Ils étaient même tellement intrépides qu’ils pouvaient se retrouver transformés en poussière en un rien de temps. Nightwitch, elle, connaissait bien la peur.
Tout s’arrêta aussi vite que ce fut venu, et le silence redevint maître des lieux. Tout ? Presque. Une ombre fit son apparition au moment où Nightwitch se releva. La forme étant dans le contrejour, elle ne reconnut pas de suite l’identité de la personne qui se tenait debout devant elle, néanmoins c’était quelque chose d’humain.
* "Nuit sur Pandémonia" est disponible depuis le 10 décembre 2013.
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13:36
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"Nuit sur Pandémonia", de Bloodwitch Luz Oscuria |
Nightwitch était désormais seule face à Ryder. Elle n'attendit pas plus longtemps pour tenter de le transformer en bloc de glace. Mais cela ne fonctionna pas, le Lycan semblait résister à la sorcellerie, et lorsqu'il se rendit compte qu’elle le manipulait depuis le début, il entra dans une rage folle. Il infligea un énorme coup de griffe au bras gauche de la Vampire, mais celle-ci pensait tellement fort à Valek qu'elle ne sentit pas la douleur.
Elle tendit ses deux bras en avant, malgré sa blessure, et créa un énorme trou dans le sol, cavité dans laquelle Ryder tomba. Il parvint à en remonter avec l'aide de ses griffes sur les parois, et lança un regard rouge de colère à Nightwitch.
– Tu m'as eu une fois, tu ne m'auras pas deux fois, Vampire ! dit-il sur un ton enragé.
Il se jeta sur elle, toutes griffes dehors. Elle se protégea en s’entourant d'un mur de glace sur laquelle il s'écrasa lamentablement.
Quand il se releva, Nightwitch se mit à se concentrer encore davantage. Elle savait qu'elle pouvait gagner la maîtrise des éléments de l'air et de la foudre. Elle avait beaucoup étudié ces deux sujets, il était à présent temps qu'elle se serve de ces enseignements. Elle se concentra tellement fort qu'elle ne se rendit pas compte de suite que Ryder commençait à s'élever dans les airs.
Au moment où elle s'en aperçut, elle esquissa un sourire en coin. Elle sentit qu’elle était en train de gagner ce combat. Des nuages noirs commencèrent alors à s'agglutiner au-dessus du Lycan. Le vent se leva et se fit de plus en plus violent. Puis, un éclair monstrueux déchira le ciel et vint percuter Ryder en pleine face. Celui-ci s'écroula au sol. Il était totalement cramoisi.
Nightwitch s'approcha prudemment de lui, elle était méfiante car elle savait qu'il pourrait peut-être encore se relever. Mais il ne bougea plus. Alors elle sortit la dague en argent de Valek du fourreau de sa ceinture, et elle entreprit d'arracher les crocs du chef de ses ennemis jurés avec satisfaction. Elle rangea ensuite les dents une par une dans sa poche.
Elle ne leur réservait pas le même sort qu’à toutes les autres qu’elle avait collectionnées jusque-là. Celles-ci, elle allait en faire un feu de joie, pour fêter la fin de l’existence des Lycans en sphère Vampire.
Une fois son travail chirurgical terminé, elle disparut rapidement en entendant des grognements surgir derrière elle. Elle rentra donc rapidement chez elle, éreintée, blessée assez gravement au bras, mais satisfaite. Valek était vengé. Elle pouvait tourner la page.
La nuit suivante, alors qu’elle était au Phœnix à savourer un verre qu’elle pensait avoir bien mérité, l'un de ses collègues Ministres vint lui apprendre que la meute de Lycans avait quitté le territoire. Elle ne s'était pas attendue à un départ aussi rapide. Elle avait en effet réfléchi toute la journée à une possible invasion de la cité.
Elle avait par ailleurs prévu de se rendre au palais gouvernemental afin de s’entretenir avec Angelus pour mobiliser l’Armée Vampirique. Ce ne fut finalement pas nécessaire. En rentrant chez elle, elle prit les dents de Ryder du récipient dans lequel elle les avait rangé, se rendit dans le jardin derrière son manoir, les déposa au pied de l’arbre central, et les incendia d’une flammèche de feu.
Elle regarda la fumée s’élever dans les airs. Elle était en train de faire ses adieux à Valek. Chrysalid regardait la scène, dissimulé derrière une des fenêtres du manoir. Nightwitch était devenue très secrète pour lui, il savait qu’il n’obtiendrait aucune réponse s’il allait lui demander ce qu’elle était en train de faire. Aussi ne chercha-t-il en aucune façon à savoir ce qui se tramait dans le jardin. Il avait compris le mode de fonctionnement de sa protectrice. Si elle voulait qu’il ait connaissance d’une information, il lui était inutile de demander, ce serait elle qui viendrait la lui donner directement.
* "Nuit sur Pandémonia" est disponible depuis le 10 décembre 2013.
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11:52
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"Nuit sur Pandémonia", de Bloodwitch Luz Oscuria |
Au moment où elle arriva enfin aux portes de la cité, la Vampire vit qu'elles étaient gardées par deux Vampires lourdement équipés d'armes blanches, et dotés d’une armure apparemment bien solide. En la voyant arriver, ils brandirent leurs piques vers elle.
– On ne passe pas ! lui dirent-ils en chœur sur un ton qui ne réclamait aucune réponse.
Mais Nightwitch ne pouvait plus faire demi-tour, surtout pas après toutes les épreuves qu’elle avait traversées pour arriver jusque-là.
Elle leur expliqua qu'elle était une Vampire elle-même, que les deux enfants qui l’accompagnaient étaient les siens, et qu'elle arrivait de loin afin de rechercher protection pour eux ainsi que pour elle. Quand elle prononça le nom des Aphrosia, ils changèrent instantanément d'expression et la laissèrent entrer sans difficulté au sein de la cité, sans poser de questions supplémentaires. Valek lui avait conseillé de cacher ses origines, et c’est pourtant ce détail qui venait de lui permettre de passer les portes de Pandémonia.
Nightwitch passa donc l’entrée de la cité, triomphante. Elle se retrouva face à une grande avenue, c’était le quartier marchand. Elle passa devant une boutique dont le panneau au-dessus de la porte indiquait « Magies et Ténèbres ». Le nom du propriétaire était écrit en-dessous, en plus petit.
« DeatH. Je me demande bien comment il peut être. Je ferai certainement sa connaissance à un moment ou à un autre. »
Cette échoppe l’intéressait fortement, elle comptait bien s’y rendre quand elle serait ouverte, ce qui n’était apparemment pas le cas pour l’instant. A côté de ce commerce, elle trouva une herboristerie, tenue par une certaine Lux selon le panneau surplombant l’entrée. Un peu plus loin elle découvrit le Select, à priori la taverne du coin. Peut-être même la seule finalement, au vu de l’ambiance qui s’en échappait.
En effet, les personnes qui s’y trouvaient faisaient énormément de bruit, comme si toute une ville s’y était donnée rendez-vous. Ce fameux quartier marchand reliait l’entrée de Pandémonia, à une grande place d’où partaient cinq artères. Au milieu de cette place trônait un Temple dédié à Ivy, devant lequel Nightwitch s’arrêta quelques instants. Elle jeta un coup d’œil aux rues qui en émergeaient.
Elle en avait assez vu pour l’instant, elle désirait continuer sa visite plus tard. Elle revint sur ses pas afin de retrouver le Select. Elle y entra, fourbue, et s'accouda timidement au bar. Le tavernier lui proposa un verre de sang frais qu'elle accepta volontiers, mais non sans surprise.
« Est-il possible qu'une taverne serve des verres de sang ? »
Puis elle se souvint. Elle était à Pandémonia, la seule et unique cité vampirique de la sphère, selon ce que Valek lui avait raconté. Elle ne trouverait ici que des Vampires et d'autres créatures dont la plupart des mortels ne soupçonnaient pas l'existence, des créatures telles que des Succubes et autres Lycans.
Il faut dire que la cité était dissimulée dans un endroit très reculé derrière la forêt des Abymes, que peu de monde osait traverser. Peu de mortels en connaissaient l’existence.
Elle demanda au tavernier s’il disposait d’autre chose que de sang de mortel, dont il était sur le point de remplir le verre qu’il avait posé devant elle. Il lui donna toute une liste d’origines diverses et variées de sang dont il disposait. Sang d’Elfe, sang d’Ogre, sang de Farfadet, sang de Démon, il y en avait pour tous les goûts. Elle demanda du sang de rat. Le tavernier fut surpris, il était très rare qu’on lui fasse une pareille demande.
Il descendit dans les sous-sols du Select après avoir demandé à sa cliente de patienter un peu, puis remonta quelques secondes plus tard avec un verre de sang de rat.
– Mes excuses, dit-il, mais il est tellement rare que l’on me demande du sang de rat, je le garde dans les réserves pour qu’il ne s’abîme pas.
Nightwitch prit le verre en remerciant le tavernier, et lui donna quelques écus, avant de l’inviter à garder la monnaie qu’il allait lui tendre.
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