Hellfest 2018


Le logo du Hellfest

Cette année c'est la 13ème édition du Hellfest Open Air, plus communément appelé Hellfest. Comme pour les précédentes, cela se passe à Clisson (France), et sur 3 jours. Et cette année encore, au milieu des groupes que j'attends avec une grande impatience (Amorphis ou encore Children of Bodom !), ce sera encore l'occasion de faire quelques découvertes. Je vous avais présenté (seulement) 17 groupes l'année dernière pour ce même événement. Cette année, ce sera 24. C'est parti !


Vendredi 22 juin

Photo de Joan Jett
Joan Jett

JOAN JETT : Et on débute cette édition 2018 avec de l'ancien. Joan Jett officie dans le milieu musical depuis 1975, mais c'est surtout sa reprise de "I Love Rock N Roll" du groupe Arrows en 1982 qui l'a fait connaître. Forte de 16 albums, son petit dernier nommé "Unvarnished" est sorti il y a déjà 5 ans. Il fait un temps magnifique en cette première journée, et la foule est présente en masse devant la scène Main Stage 1 pour accueillir Joan Jett et ses Blackhearts. Et le set débute sur les chapeaux de roue ! Mais le premier couac, heureusement léger, se fait vite sentir : le micro du guitariste qui assure les choeurs est réglé beaucoup trop bas, nous empêchant ainsi de pouvoir l'entendre. La voix de Joan, par contre, s'entend très bien, on perçoit aisément sa voix éraillée, et très juste par ailleurs, sur un fond musical aux petits oignons. Les morceaux s'enchaînent les uns après les autres sans aucune fausse note. Un plaisir ! Il faut dire que le Punk Rock reste accessible à tous, même sans forcément être Metalleux dans l'âme. Durant le set, Joan présentera son groupe, mais en se mettant en arrière par rapport aux musiciens qui l'accompagnent : "We are The Blackhearts !" Elle parviendra très facilement à faire participer le public. La veille, elle annonçait aux médias qu'elle avait "hâte de jouer", et en effet ça se ressent clairement sur scène. Elle nous distillera une très belle énergie tout au long de ce set, et communicative en plus ! Le claviériste (qui aura droit à la parole, ce qui reste un événement suffisamment rare pour être souligné) nous présentera le morceau "The French Song" en franglais. Ce détail me fait sourire, car ce morceau est justement constitué de couplets en anglais, et de refrains en français. Joli clin d'oeil. Au total, on aura droit à 50 minutes fort agréables, durant lesquels nous aurons bien évidemment le plaisir d'entendre "I Love Rock N Roll", repris en choeur par la foule entière.

DEMOLITION HAMMER : C'est en 1986 que s'est formé ce groupe Américain, qui a beaucoup évolué depuis. En effet, ses membres ont débuté par du Thrash Metal, pour basculer sur du Groove Metal. Nous retrouvons le groupe sur la scène Altar. Demolition Hammer revient presque d'entre les morts, depuis leur retour en 2016 après... 21 ans d'absence... Que dire de ce retour, du coup ? Eh bien, malgré que Meshuggah soit en train de jouer au même moment sur la Main Stage 2, il y a bien du monde sous la tente Altar, et ça bouge dans tous les sens au centre de la fosse. Comme si le groupe n'avait jamais disparu de la scène musicale, et qu'il baladait avec lui une discographie impressionnante. Alors que celle-ci ne contient que 3 albums, dont le dernier est sorti il y a 24 ans. A noter tout de même une compilation en 2008. Autrement, c'est le désert de Gobi ! Malgré cela, les membres de Demolition Hammer sont efficaces et bien en place sur scène, tels des vétérans des lives. C'est aussi bruyant, très bruyant ! Au niveau de la setlist, ce sont leurs titres les plus Thrash qu'ils ont décidé de jouer, avis aux amateurs donc. Et forcément, comme c'est très très fort, le son n'est pas des plus propres, même si je voudrais quand même préciser que les ingés son ont fait un bon travail en ce qui concerne les réglages. Les gratteux passeront quand même plusieurs moments à régler davantage leur instrument entre deux morceaux. Mais cela reste écoutable, et ce n'est pas le coeur de la fosse qui dira le contraire, tant les fans sont motivés à sauter partout. Cependant, les gros blancs entre chacun des morceaux tendront à refroidir l'ensemble.

Photo des membres d'Europe
Les membres d'Europe

EUROPE : A-t-on vraiment encore besoin de présenter cette légende ? Les Suédois d'Europe ont connu leur apogée en 1986 avec leur album "The Final Countdown", et surtout le titre éponyme qui a servi de single, que le monde entier connaît par coeur, Metalleux ou non. On peut se risquer à aller découvrir les innombrables reprises de ce morceau sur YouTube, mais les meilleurs pour l’interpréter, ça reste quand même Europe. C'est sur une intro que je qualifierai d'épique que le groupe fait son entrée sur la Main Stage 1. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est reconnaissable entre mille. Mais aussi, que le public ne l'a pas abandonné. En effet, que de monde dans la fosse ! Le groupe est très efficace sur scène, et on sait d'entrée de jeu que l'heure qui lui est allouée va passer vraiment très vite. Au niveau du son, on peut percevoir magnifiquement bien chacun des instruments, c'est un vrai bonheur à l'oreille, rien à voir avec Demolition Hammer. Et heureusement, car il aurait été dommage qu'un groupe de la trempe d'Europe ne bénéficie pas des meilleurs réglages. Cela dit, j'ai le sentiment que même s'ils n'avaient pas été optimaux, la fosse n'aurait pas été moins serrée qu'elle ne l'est ce soir. Si on peut parler de soir, car il a beau être près de 19h, le soleil est encore bien haut dans le ciel et abat lourdement ses rayons sur les Metalheads. Europe, c'est le genre de groupe qui serait tellement plus à sa place en tête d'affiche, et donc en soirée... Mais on fait avec ce que l'on a, et les musiciens n'ont par ailleurs aucun mal à motiver les troupes. Ce groupe, ce n'est pas juste le groupe de "The Final Countdown", c'est toute une ribambelle de titres tous plus efficaces les uns que les autres, il faut se pencher sur ce qu'ils ont enregistré. En live en tout cas, ça reste un moment très agréable, qui se clôturera par "Cherokee", suivi par l'indémodable "Final Countdown", sans surprise aucune, et des sauts plein le public évidemment. Merci Europe !

CARNIVORE A.D. :  Auparavant appelé Carnivore tout court, il s'agit là de la résurrection de cette formation fondée par le toujours très regretté Peter Steele, bien plus connu pour avoir été le frontman de Type O Negative. Sauf qu'il n'a pas fait que cela durant sa (trop) courte carrière, il a aussi créé Carnivore. Mais ce soir, forcément, c'est un autre homme que l'on verra à sa place. Il s'agit de Baron Misuraca, du groupe Vasaria. Il aura donc la lourde tâche d'honorer la mémoire de Steele, et de tenter de nous le faire un peu oublier pour ce set qui se présente avant tout comme un best of. On a ici un mix entre Thrash et Speed Metal, et les tenues des musiciens sont sans équivoque, notamment pour ce qui est du guitariste, que l'on pourrait croire tout droit sorti du service militaire de l'US Army. Mention spéciale pour la chevelure exceptionnelle de Baron, incroyablement longue ! Cependant, au son de sa voix, j'ai bien du mal à imaginer Peter Steele interpréter ces morceaux. Mais il faut dire aussi que je n'avais jamais écouté Carnivore avant ce soir, aussi mon avis est-il complètement impartial. Oh Baron est très en place vocalement ! Sa voix se mue parfaitement dans le registre musical que le groupe emprunte. Du côté du public, la tente Altar n'est malheureusement pas pleine, mais les présents sont motivés pour bouger. Pour ma part, ce n'est malheureusement pas ma tasse de thé par contre.

Photo des membres d'Hollywood Vampires
Les membres d'Hollywood Vampires

HOLLYWOOD VAMPIRES :  En voilà une drôle de surprise que la présence de ce trio exceptionnel au Hellfest ! Créé par le légendaire Alice Cooper, Joe Perry (Aerosmith) et l'acteur Johnny Depp en 2015, ce groupe a été conçu à la base afin d'honorer la mémoire des stars des années 70 qui sont décédées suite à leurs divers excès. Forts de plusieurs collaborations avec des artistes de renom, tels que Paul McCartney ou Dave Grohl, mais aussi feu la légende Christopher Lee, il ne fait pas de doute que ce trio va surprendre son monde. Le public s'est d'ailleurs amassé en rang serré devant la scène du Main Stage 1, et c'est tout bonnement impressionnant ! C'est sous des hurlements qui vont aller jusqu'à couvrir le son des instruments que les musiciens font leur entrée les uns après les autres. A ce jour, un seul album compose la discographie de ce super-groupe, composé en très grande partie de reprises (Led Zeppelin, The Doors, T. Rex, mais aussi Pink Floyd). Je ne peux continuer mon commentaire de ce set sans évoquer le cas particulier de Johnny Depp. Car l'acteur et musicien défraye beaucoup la chronique en ce moment, les médias et fans du monde entier s'inquiétant depuis quelques temps maintenant de sa santé, celui-ci paraissant particulièrement amaigri et fatigué. Rassurez-vous, il est en pleine forme ce soir ! Et final, son changement de look qui inquiète tant va merveilleusement bien dans le cadre de ses concerts avec Hollywood Vampires. Et d'ailleurs, tous les musiciens sont en forme et heureux d'être là, et ils donnent tout ce qu'ils ont. C'est 1h15 d'énergie qui est donnée au public présent, ce n'est pas rien. Cela donne l'occasion aux membres de proposer l'intégralité de leur album, mais aussi d'autres reprises intéressantes, telles que "She's got the Jack" d'AC/DC ou encore "Ace of Spades" de Motörhead. Ces deux morceaux seront présentés à renfort de cartes de jeu par Alice Cooper, décidément très à l'aise dans ces reprises qu'il interprétera pratiquement toutes. Joe Perry prendra le micro pour un morceau, puis ce sera au tour de Johnny Depp qui nous chantera "People who Die" de The Jim Carroll Band puis "Heroes (We could be)" de David Bowie. Je suis obligée de préciser que bien qu'il soit un excellent guitariste, son chant est... mignon... On sent bien que Depp n'est pas un chanteur dans l'âme, tant il paraît si peu à l'aise avec un micro. Néanmoins, l'ensemble de la prestation des Hollywood Vampires est vraiment pas mal, et il vaut le coup de se pencher sur ce qu'ils proposent. Leurs différents hommages sont tous aussi bons les uns que les autres, une belle découverte live en somme. Et c'est sur "Another Brick in the Wall (part 2)" (Pink Floyd) que le groupe quittera la scène, sous une ovation incroyable.

STONE SOUR : Pendant de longues années, Stone Sour a été cantonné à l'image de "groupe de Corey Taylor de Slipknot". Or, Corey a créé ce groupe bien avant de rejoindre Slipknot... Et l'identité des deux groupes est vraiment très opposée, tout comme le sont tous les différents side-projects des autres membres de Slipknot (de Murderdolls à To My Surprise en passant par Wednesday 13). Dans tous les cas, le set de Stone Sour démarre fort, et la tombée de la nuit permet de pouvoir profiter d'effets pyrotechniques. La réputation du groupe n'est à présent plus à faire, on sait qu'il vaut largement le coup d'être vu en live. Puis "Hydrograd", son dernier album sorti l'année dernière, est un vrai succès commercial. C'est la 4ème fois que Stone Sour joue au Hellfest, ses musiciens sont donc comme à la maison, et on sent à quel point ils sont contents d'y être, particulièrement Corey qui adore ses fans et le montre bien, à coup de sourires  jusqu'aux oreilles, et de remerciements pratiquement entre chaque morceau. +1 pour le capital sympathie de dingue ! D'autant plus que la foule est toujours aussi dense, et qu'elle bouge énormément, allant jusqu'à faire des vagues (attention tout de même, ce genre de mouvements peut s'avérer extrêmement dangereux). Corey aura droit à une standing ovation dès la fin du premier morceau du set. Il prendra soin de parler à ses fans très régulièrement, et ceux-ci boiront littéralement ses paroles. Tout au long du set, ce sera sauts, circle pits, et autres acclamations gigantesques. On ne peut ressortir de là sans un sentiment de satisfaction intense, et un sourire au moins aussi large que celui de Corey lui-même. Stone Sour, en live, c'est bien ! Et les titres de tous les albums passent très bien en plus, plus particulièrement ceux d' "Hydrograd", mais aussi ceux de "Come What(ever) May", second album du groupe qui a connu également un joli succès à sa sortie (et que j'aime beaucoup, personnellement). Le groupe proposera d'ailleurs mon titre préféré d'eux, issu de cet album justement : "Through the Glass".

Photo des membres de Bad Religion
Les membres de Bad Religion

BAD RELIGION : On continue la soirée avec du Punk Rock Américain créé en 1979. La discographie de Bad Religion est très fournie, entre 17 albums, 2 EP et 4 DVD officiels entre autre. Ce qui me frappe au premier abord, c'est le décalage entre le physique affiché par Greg Graffin, chanteur de la formation depuis ses débuts, et ce qu'il propose en chant. En effet, il s'affiche crâne en grande partie dégarni, les cheveux restant étant très blancs, petites lunettes et chemise proprette, ainsi qu'un sourire toujours très jovial. Pour performer sur du Punk, c'est tout de même assez surprenant pour le faire remarquer ! On est loin de ce que l'on peut imaginer venant d'un chanteur d'un groupe de Punk. C'est sur la scène de la Warzone que le groupe prend place. Cette scène a beau être petite, son avantage est qu'elle est à ciel ouvert, ce qui permet aux fans d'avoir pas mal de place devant. Il y a d'ailleurs beaucoup de monde ! Mais au niveau de l'énergie, le compte n'y est pourtant pas. C'est dommage, car les morceaux de Bad Religion sont pour la plupart réellement entraînant, et donnent envie de bouger. Il faut dire que Bad Religion, ça décoiffe, et c'est super agréable à l'oreille, on n'a aucun mal à accrocher ! Les morceaux sont aussi courts que leur efficacité live est grande ! Mais le public en a décidé autrement. Reste à voir ce qu'en pense la statue du regretté Lemmy Kilmister, qui trône fièrement devant l'entrée de la Warzone. Vraiment dommage, tout ça. Pour ma part, je ressors contente de cet.

NAPALM DEATH : Alors eux, ce n'est pas une découverte pour moi, je les ai en effet déjà vus lors du Hellfest 2016... et je n'en suis pas revenue avec un très bon souvenir... Napalm Death fait partie de ces groupes sur lesquels on accroche carrément, ou pas du tout, il ne laisse personne indifférent, c'est juste impossible. Et juste après le Punk Rock gentillet de Bad Religion, j'ai bien peur que pour moi, la pilule soit difficile à avaler. D'autant plus que le line up n'a absolument pas changé depuis la dernière fois que je les ai vus. Mais revenons-en à ce qui se passe ce soir. Ma première impression ? OMG, j'ai l'impression de revivre le Hellfest 2016 ! Barney, le chanteur survitaminé du groupe, fait son entrée sur la scène de l'Altar exactement de la même manière, et avec la même énergie qu'il y a deux ans. La question existentielle que je me posais déjà il y a deux ans persiste : est-il sous stéroïdes ? Ou bien est-il simplement fou ? Il ne tient absolument jamais en place, qu'il "chante" ou qu'il parle à son public, il ne peut pas s'empêcher de sauter partout, ou tout du moins de faire les 100 pas. Au point que lorsqu'il parle, il est tellement essoufflé tout au long du set que l'on en vient forcément à se demander s'il parviendra à finir ce qu'il essaie de nous dire. En définitive en tout cas, je n'adhère toujours pas à ce que propose Napalm Death...


Photo des membres d'Uncommonmenfrommars
Les membres d'Uncommonmenfrommars

UNCOMMONMENFROMMARS : Nous voici face à un groupe, abrégé Unco ou UMFM, de Punk Rock français fondé en 1993, embarquant avec lui un premier EP éponyme sorti en 1998 et 7 albums derrière, le dernier ayant déjà 6 ans. C'est sur la scène de la Warzone que le groupe a donné rendez-vous à ses fans, ce qui est plutôt logique. UMFM, ce sont de véritables vétérans des lives. La foule est un peu parsemée, mais on sent une certaine effervescence à l'approche de l'entrée des musiciens sur scène. Et ça dépote dès le premier morceau ! Il ne faudra que quelques secondes avant que la fosse ne commence à s'agiter frénétiquement dans tous les sens. Ce qui, je trouve, surprend particulièrement chez ce groupe, c'est le duo de voix qui le compose. En effet, l'un a une voix grave, et l'autre est suraiguë. Ca surprend, mais ça passe bien. C'est surtout le troisième titre du set qui va attirer mon attention, car il me fait beaucoup penser aux Toy Dolls que j'aime bien. Et d'ailleurs, les UMFM ont déjà eu l'occasion de partager des affiches avec eux. Mais comme en ce qui concerne les Toy Dolls, je n'accroche pas à tous les morceaux d'UMFM. Cela dit, le set proposé par le groupe est l'occasion de pouvoir se rendre compte de la variété de ce qu'il propose sur ses albums. "Et oubliez pas de boire une petite bière entre deux verres d'eau !" dira Motor Ed, le leader de la formation, avant de réclamer un circle pit géant à son public entre deux morceaux, après une tentative quelque peu loupée initiée par les fans. On a ici une ambiance bon enfant, et on passe un moment sympa avec le groupe. Sur la fin de son set, Motor Ed invitera les membres de ses amis de Burning Heads afin d'interpréter un morceau tous ensemble. Effet garanti ! "Maintenant on est fatigués, on va se casser." Eh bien écoutez, vous avez fait votre boulot, c'était cool, et on vous souhaite un bon repos !


SVINKELS : Après une longue pause commencée en 2009, les membres de Svinkels ont décidé un beau jour de se reformer et de remonter sur scène l'année dernière. A peine les membres de la formation entrés sur scène, la foule part en délire immédiat. Le plus surprenant étant que le set commence par une série de scratchs par DJ Pone, qui prend la place naturelle d'un batteur sur la scène. Puis c'est du Rap français qui débarque, avec le chant de Gérard Baste. Surprenant, quand on sait que l'on est dans le temple du Metal à Clissons ce weekend ! Ce qui est le plus marquant dans le set proposé par Svinkels, ce sont les paroles. Largement empruntes de jeux de mots et autres attaques ouvertes contre tout et n'importe quoi (notamment l'industrie de la musique pour ce qui est du premier morceau), il est intéressant de pencher une oreille dessus. Nous aurons droit par exemple au titre "Crevard", premier véritable morceau de Hip Hop joué au Hellfest selon Baste lui-même. Et le pire, c'est que le public répond présent pour ce qui est de chanter les paroles. "Qui c'est les crevards qui vont se mettre tous minables ce soir ?" demandera le leader du groupe. "C'est nous !", scandera en choeur le public. Le groupe parvient à faire remuer l'ensemble de la Warzone, c'est impressionnant, chapeau bas pour la performance ! Baste profitera d'un entre-deux morceaux afin de faire un clin d'oeil à ses amis de Burning Heads, UMFM, mais aussi Bukowski qui jouait ce matin sur la Warzone, avant d'enchaîner sur "Ceral Killer", dont le refrain sera repris avec joie par le public, aussi remonté qu'une pendule. On ne peut ressortir indemne d'un set tel que celui proposé par Svinkels ce jour. Le groupe clôturera les hostilités par un hommage à Schultz et Sven, respectivement chanteur et guitariste de Parabellum, tous deux décédés.



Photo des membres de Suffocation
Les membres de Suffocation

SUFFOCATION : Suffocation, cette année, c'est 30 ans de Brutal Death Metal. Ce groupe est indétrônable, notamment parce qu'il a initié les bases de cette branche si particulière du Death. Et Frank Mullen, chanteur de la formation depuis ses débuts, a été le premier à performer dans le chant guttural grave, caractéristique principal du Brutal Death, et que l'on peut entendre aujourd'hui dans pas mal d'autres groupes. Manque de bol pour moi, ce style musical est précisément l'un de ceux que j'ai le plus de mal à supporter. Le groupe a subi plusieurs revers durant ses 30 ans de carrière, son line up en a pris un coup à plusieurs reprises. Mais, à part un énième changement de batteur il y a 2 ans, celui-ci se trouve stable depuis plusieurs années maintenant. Que dire de la prestation de Suffocation sur la scène Altar ce jour ? Eh bien, c'est bruyant... Très bruyant, même, c'est une vraie boucherie que le groupe propose. Tous les musiciens jouent à une vitesse inimaginable, et je soulignerai le très bon travail des ingés son, qui permet de pouvoir entendre chaque instrument de manière très claire. Si l'on parvient à s'immiscer dans l'ambiance proposée par le groupe, il est indéniable que l'on passe un très bon moment, et c'est ce que l'on constate en regardant la fosse.

Samedi 23 juin

PLEYMO : On commence la seconde journée du Hellfest par des fantômes venus du passé, que l'on avait presque oubliés. Pleymo, c'est 10 ans de carrière suivis par 10 ans de pause. Le groupe n'est remonté sur scène qu'en février dernier à Paris. Et toutes les places se sont vendues en l'espace d'une seule journée, preuve en est que son retour est vraiment bienvenu. Et il y a énormément de monde devant la Main Stage 2 ce jour, pour cette tournée anniversaire ! Il ne devrait pas y avoir de titres inédits, le groupe ayant annoncé qu'il ne prévoit pas de nouvel album. En tout cas, pour le moment. Premier constat à la vue des premiers morceaux : c'est comme si le groupe n'avait jamais cessé de jouer. Ca saute dans tous les sens, sur scène comme devant. Et l'accueil auquel les musiciens ont eu droit à leur arrivée a été fantastique ! Comme dirait Mark Maggioni, leader de la formation : "Putain, vous êtes venus à combien ?" Il est vrai que les rangs sont serrés dans la fosse. Et l'ambiance est énorme ! Décidément, le Nu Metal n'est vraiment pas mort, et Pleymo non plus. Le groupe jouera un de ses titres phares, particulièrement d'occasion pour le coup : "Tout le monde se lève". Maggioni tente tout au long du set de rappeler aux fans l'ambiance des années 90, leur demandant tantôt d'headbanguer de toute leur force sur "Muck", tantôt de créer un Wall of Death géant. Et ça marche. Maggioni poussera même jusqu'à partir slammer quelques secondes dans le public durant le dernier morceau du set, "Blöhm". Pleymo en live, c'est pas mal du tout, le millésime a très bien vieilli.


Photo des membres de Bullet for my Valentine
Les membres de Bullet for my Valentine

BULLET FOR MY VALENTINE : Déjà vus lors du Hellfest 2016 et du W:O:A 2016, mais aussi lors du Rock Am Ring de la même année, j'ai très vite compris que voir ce groupe en live est toujours un réel plaisir. C'est donc avec joie que je les redécouvre une nouvelle fois cette année ! On passe de la Main Stage 2 à la Main Stage 1 afin de pouvoir suivre ce que le groupe a à proposer cette fois-ci. Les deux premiers titres sont issus de "Gravity", le nouvel album qui sortira dans quelques jours (le 29 juin pour être exacte). Et dans l'ensemble, le set sera pas mal centralisé autour de cette nouvelle offrande qui promet d'être bien, 4 des 13 titres proposés ce soir en seront issus. Mais bien sûr, le groupe jouera également d'autres morceaux, plus anciens, qui ont déjà largement fait leurs preuves sur scène, tel que "Your Betrayal" que j'aime particulièrement, ou encore "You want a Battle ? (Here's a War)". Comme d'habitude, tous les titres sont exécutés parfaitement et avec une grande minutie. Ce set est parfait, et on n'en attendait pas moins de ce groupe, qui n'a plus à prouver qu'il est fait pour le live. Et on ressortira de ce set en ayant compris que "Gravity" complétera très bien la discographie de tous les fans du groupe. "Letting you Go", un des titres de ce nouvel album, sera l'occasion pour Matthew Tuck, charismatique leader, chanteur et guitariste rythmique, de chanter sans sa guitare. Il la reprendra très vite pour "Worthless", qui constitue le 8ème titre de ce set qui file à la vitesse de la lumière. C'est le problème avec des groupes tels que Bullet for my Valentine : en live, ça passe toujours trop vite. Ce titre sera suivi d'un solo de batterie exceptionnel du batteur, Jason Bowld, musicien de session depuis 2015 qui a finalement intégré complètement le groupe l'an dernier. Il est très, très fort. Et avec le sourire bien sûr !

BODY COUNT : On enchaîne sur la Main Stage 2 avec Body Count, ce groupe qui mixe Heavy Metal avec Hip Hop, et dont le leader n'est autre que le très connu rappeur Ice-T. Le groupe existe depuis 1990, créé par le célèbre rappeur sus-cité, et le guitariste Ernie-C. Son dernier album, "Bloodlust", date d'il y a 2 ans maintenant. Pour résumer ce que donne Body Count en live, c'est violent, bruyant, et même carrément injurieux dans ses paroles. Mais le voir en live au moins une fois vaut le coup. D'ailleurs, il y a pas mal de monde devant la scène. L'avantage de ce groupe, c'est qu'il permet de réunir deux publics très opposés : les Metalleux, et les Rappeux. On aime ou pas, pour ma part ça ne passe pas forcément, mais l'essai est à saluer. Ill Will, batteur de la formation, proposera un éventail de ses capacités durant un petit solo de batterie bien venu, dans les 20 dernières minutes du set. Joli.



Photo des membres de Memoriam
Les membres de Memoriam

MEMORIAM : Ce groupe est né en 2016, suite à la fin annoncée de Bolt Thrower causée par la mort de son batteur, Martin Kearns, en 2016. Karl Willetts, chanteur, ne l'a pas entendu de cette oreille, il a donc récupéré le batteur originel du groupe, Andy Whale, a débauché Frank Healy (bassiste de Benediction et Napalm Death), ainsi que Scott Fairfax (Cerebral Fix), et a monté Memoriam. C'est sur la scène de la tente Altar que le groupe de "Old School Death Metal", comme le présentera Willetts, fait son entrée. Le groupe a beau n'avoir que 2 ans d'ancienneté, il a déjà 2 albums à défendre. Et les musiciens sont tous déjà bien rodés à l'épreuve de la scène, leur professionnalisme ne fait aucun doute, ils sont à l'aise au Hellfest. Comme pour le Nu Metal de Pleymo précédemment, on peut le dire, le Old School n'est absolument pas mort, et le public le confirmera.


CHILDREN OF BODOM : Il est 21h50 quand Children of Bodom débarque sur la scène de la tente Altar. Eh non ils ne sont pas sur une des Main Stages ! Vous y croyez vous ? Et pourtant, c'est bien ce qui se passe aujourd'hui... Cela pourrait paraître incompréhensible, mais il y a une raison : c'est la faute à Deftones qui a pris place sur la Main Stage 1 jusqu'à 22h20. Ah bah bravo ! Cela dit, il y a un avantage à passer sur Altar : l'intimisme. On ne présente plus les génies de CoB, dont le groupe fut créé par une bande d'adolescents, voire d'enfants d'ailleurs (ils avaient entre 11 et 14 ans à la sortie de leur premier album, "Something Wild", en 1997), il y a 25 ans de cela sous le nom Inearthed. Ces musiciens sont devenus de véritables légendes du Black Death Metal Mélodique, et pas que dans leur Finlande natale. Ce groupe propose une musique dont les caractéristiques principales sont la dextérité et la technique. Leurs 4 premiers albums sont des pièces de choix à posséder dans une médiathèque. A noter : le groupe se paye depuis 2016 les services du guitariste Daniel Freyberg, déjà vu chez Norther, le groupe clône de CoB qui a splitté en 2012. L'accueil est pharaonique, et la musique démarre direct ! Comme souvent, le groupe débute son set par un titre qui fait souvent l'intro de leurs concerts : "Are you Dead yet ?", toujours aussi redoutable en live. L'occasion de voir que les réglages sonores sont impeccables, ce qui nous permet ainsi de nous rendre compte que les quelques changements de line up effectués depuis 25 ans n'ont aucunement entamé la qualité phénoménale de ce groupe. Les titres les plus anciens, comme les plus récents, font mouche autant les uns que les autres. Parmi les plus vieux, on aura notamment droit à "Angels don't Kill" suivi par "Warheart". Et au niveau des plus récents, on aura par exemple "I Worship Chaos". Habituellement, les musiciens respectent leurs partitions à la virgule près. En tout cas, c'est ce que j'avais constaté lorsque je les avais vus sur la scène de Paris Bercy le 7 novembre 2006. Les choses ont bien changé depuis, les musiciens n'hésitent pas à modifier quelque peu ce que l'on connaît de leurs morceaux. Et c'est plutôt plaisant, on sent un renouvellement général de ce qu'ils ont à proposer. Je remarque cependant que pour "Needled 24/7", ils restent dans les clous. Ce n'est pas plus mal (il s'agit là de mon morceau préféré de ce groupe, et celui qui me l'a fait découvrir). Mention spéciale pour l'intro de "Downfall", qui reste fantastique aux claviers. Ils clôtureront leur set avec un vieux morceau, "Towards Dead End". L'heure qui leur a été allouée est passée diablement vite, c'est dommage.



Photo des membres d'Avenged Sevenfold
Les membres d'Avenged Sevenfold

AVENGED SEVENFOLD : Groupe de Heavy Thrash Progressif créé en 1999, il compte à ce jour pas moins de 9 albums, et a eu la chance de ne subir que très peu de changements de line up. Seul le batteur a été changé récemment (2016), les autres membres sont là depuis 2002. De ce groupe, je ne connaissais que le nom. Rendez-vous donc sur la Main Stage 1, pour pas moins de 90 minutes de musique, l'occasion pour moi de voir ce que vaut Avenged Sevenfold. Mais avant de débuter, c'est une collection de photos de Vinnie Paul, sur fond de Pantera, qui sera proposée sur les écrans géants qui entourent la scène. En effet, Vinnie Paul, créateur de Pantera puis Damageplan quand son frère, Darell Abott, s'est fait assassiner sur scène lors d'un concert de ce second groupe en décembre 2004, est décédé la veille. Parmi les photos qui seront proposées, l'une d'elles nous présentera Vinnie en compagnie de Lemmy Kilmister. L'occasion de se rendre compte que décidément, personne n'est éternel. Mais qu'il y a des gens qui sont irremplaçables, comme ces deux-là. Les photos souvenirs font place au bout de quelques minutes à des images tout droit venues de l'espace, et une intro grandiose pour préparer l'entrée sur la scène des membres d'Avenged Sevenfold. Et ça démarre très fort, devant un public absolument conquis, qui passera tous les refrains de "The Stage", premier morceau proposé par le groupe, à chanter au moins aussi fort que M. Shadows, chanteur de la formation depuis ses débuts. C'est franchement chouette à écouter, surtout que l'on assiste à une véritable symbiose entre le groupe et son public. Je comprends du coup pour quelles raisons Avenged Sevenfold fait office de tête d'affiche, c'est amplement mérité, et me donne le regret de ne pas avoir cherché à écouter plus tôt ce que ce groupe fait. L'ensemble est magique, que ce soit au niveau des compositions, de l'énergie sur scène et dans le public, mais aussi les images diffusées sur les écrans géants qui viennent toujours à point nommé. On a là une belle perfection, et on passe un grand moment. Et quand les effets pyrotechniques font leur apparition, on arrive au summum de ce qu'un groupe peut proposer en live. Je ne trouve pas assez de qualificatifs pour pouvoir décrire davantage la qualité de ce qui est proposé sur la Main Stage 1 ce soir. Mais vous aurez compris : tout est au top ! Et le set se termine après 1h30 de pur bonheur, et avec un feu d'artifice s'il vous plaît, ainsi qu'une distribution à la pelle de médiators par les membres du groupe.


Dimanche 24 juin

KILLSWITCH ENGAGE : C'est avec un groupe de Metalcore Australien créé en 1999 et bien connu à présent, que l'on débute cette troisième et dernière journée du Hellfest 2018. Je regrette toujours un peu l'absence de Howard Jones, chanteur de la formation entre 2002 et 2012, période durant laquelle j'ai connu ce groupe. Mais Jesse Leach, actuellement présent sur la scène Main Stage 2, est le chanteur originel de la formation. Le groupe débarque avec 7 albums dans la poche, dont le dernier, "Incarnate", est sorti en 2016. Le groupe ne jouera que 45 minutes ce jour, il vaut donc mieux en profiter au maximum. Ce que j'apprécie particulièrement chez Killswitch Engage, c'est l'alliance que ses musiciens font entre blasts violents et douceur des riffs durant les refrains. Idem en ce qui concerne le chant, qui passe du furieux au clair. Une formule qui fait mouche. Ils étaient sur la Warzone lors de leur dernier passage au Hellfest. Cette année, ils méritent clairement leur place parmi les plus grands, sur l'une des deux scènes principales des lieux. D'autant plus qu'il y a foule devant, alors que deux autres grands noms, chacun dans leur branche musicale respective, passent au même moment : Les Sheriff sur la Warzone, et Manegarm sur la scène Temple. Les morceaux de Killswitch Engage sont tous aussi entraînants les uns que les autres, et donnent envie de sauter partout, ce que l'on constate à la vue du public qui s'en donne à coeur joie. Avant d'interpréter "Hate by Design", Jesse Leach dira quelques mots au sujet du décès de Vinnie Paul. Cette petite note de tristesse sera rapidement éclipsée par l'efficacité des morceaux proposés par le groupe, mais aussi par les pitreries grand-guignolesques d'Adam Dutkiewicz, guitariste du groupe, avec son short aux couleurs des Etats-Unis qui dénote par rapport aux tenues plus classiques de ses potes de scène. L'ensemble du groupe dégage une énergie communicative, il fait son maximum afin de contenter son parterre de fans, et ça marche. Pour ma part, je vivrai mon vrai moment de joie au moment où ils interpréteront "Rose of Sharyn", le premier titre que j'ai connu de cette formation, et qui m'a fait accrocher au son si reconnaissable de Killswitch Engage. Quelques blancs seront à signaler entre certains morceaux, mais Jesse Leach, et l'humour qui tâche d'Adam Dutkiewicz les feront vite oublier. Qu'il est agréable de voir des musiciens qui savent ne pas se prendre au sérieux par moments ! Ce set aura un bon goût de joie au final.



Photo des membres d'Exhorder
Les membres d'Exhorder

EXHORDER : Changement de décor avec Exhorder sur la scène Altar. Ici, c'est du Death emprunt de Groove Metal auquel nous avons droit. Ce groupe a généré une guerre ouverte entre ses fans et ceux de Pantera, afin de définir lequel des deux est à l'origine de la création du Groove Metal. La disparition d'Exhorder entre 2003 et 2008 ne lui a pas forcément rendu service, et encore moins celle débutée en 2011. On ne s'attendait donc pas à voir ses musiciens jouer sur scène au Hellfest cette année. Kyle Thomas, leader d'Exhorder, sera-t-il encore fatigué des comparaisons avec Pantera ? Rien n'est moins sûr, car la similitude entre la musique des deux groupes est quand même frappante. Exhorder a la lourde tâche de contrer un groupe dont la réputation n'est plus à faire et qui se trouve en ce moment-même sur la Main Stage 1, j'ai nommé Accept. Et tout comme Killswitch Engage, les musiciens ne disposent que de 45 minutes pour convaincre l'auditoire. Ils arriveront par ailleurs avec 5 minutes de retard, sur une bande son de guitare sèche durant laquelle on pourra entendre un bébé qui pleure. Cette intro est longue. mais dès que les premières notes de guitare électrique se font entendre, ça part sur des chapeaux de roue ! Kyle Thomas, leader, est tout bonnement survolté, tant et si bien qu'il en perdra son micro durant le premier morceau. Il n'est pas sans me rappeler le leader fou de Napalm Death par moments. Ce n'est pourtant pas devant un groupe de Brutal Death que nous sommes, bien que le son soit particulièrement catchy. Et malgré cela, ça ne bouge pas tant que ça dans la fosse, bizarrement. Pourtant elle est quasiment pleine. Sur scène, ça joue très vite, et de manière particulièrement technique. Mais à aucun moment le groupe ne parviendra vraiment à soulever les foules, même si ça commence à bouger un peu dans le public au bout d'une vingtaine de minutes. Surprenant, au vu du registre musical d'Exhorder.


ARCH ENEMY : Je les ai déjà vus lors du W:O:A 2015 et 2016, et d'ailleurs la prestation de ce groupe en 2016 fut mon meilleur souvenir de l'ensemble du fest. Et donc, qu'est-ce que Arch Enemy, qui prend place sur la Main Stage 2, a à proposer ce soir ? Eh bien comme à son habitude, un Death Metal Mélodique d'une efficacité redoutable. Alissa White-Gruz, venue remplacer la chanteuse Angela Gossow au chant depuis 2014, est une frontwoman exceptionnelle, qui sait éveiller son public sans aucune difficulté. A noter, Angela Gossow n'a pas complètement quitté le groupe. En effet, elle en est aujourd'hui la manager. Pour en venir à la prestation d'Arch Enemy elle-même, le décor est somptueux, et l'intro à la hauteur de la renommée du groupe. Malheureusement, on va constater assez vite que le son est beaucoup trop saturé, mettant ainsi en difficulté l'auditeur pour reconnaître les morceaux qui seront joués ce soir. La batterie est vraiment en retrait, et l'ensemble des instruments à corde tend à donner une impression de soupe imbuvable quand ils se mettent tous ensemble en branle. Du côté d'Alissa par contre, sa voix sera très facile à entendre. Il faut dire aussi qu'elle est d'une puissance absolument hors du commun. Puis elle entraîne tellement bien les foules qu'elle n'a aucun mal à faire sauter quasiment tout l'ensemble du public. Elle nous montrera notamment ses capacités au travers de "You will Know my Name". A ce propos, saviez-vous qu'outre ses capacités de chant guttural, elle chante aussi parfaitement bien l'opéra ? Et les musiciens ne sont clairement pas en reste, ils sont tous très bons. Il est dommage que seules 50 minutes aient été allouées à ce groupe énorme, mais toutes les bonnes choses ont une fin. Ce ne sera cependant pas sans une belle série de circle pits, de pogos et autres headbangings furieux au sein du public, entraîné par une Alissa plus en forme que jamais.



Photo des membres d'Amorphis
Les membres d'Amorphis

AMORPHIS : Déjà vus, eux aussi, c'était lors du W:O:A 2015, pour célébrer les 20 ans de la sortie de "Tales From the Thousand Lakes" dont est notamment extrait le chouette titre "Black Winter Day", et ce jour-là ils en auront joué quasiment l'intégralité (9 des 14 titres de la setlist). Du coup, on s'attend à ce que la majeure partie des titres d'aujourd'hui concerne "Queen of Time", leur dernier, et très bon album, sorti il y a peu. Une heure de set est prévue ce soir, sur la scène Altar, pour les Finlandais d'Amorphis. Et c'est sur l'intro du magnifique premier single de "Queen of Time", nommé "The Bee", que le groupe fera son entrée. Elle sera même faite deux fois, ce qui me donnera personnellement de sacrés frissons. Je ne peux pas être autrement que partiale sur la prestation d'un groupe tel que celui-ci, car j'ai une affinité toute particulière avec lui. En effet, le titre "Brother Moon" est celui que j'écoutais en boucle le matin de la naissance de ma fille en 2009. Quant à "Reformation", il me fait énormément penser à mon papa décédé en 2011. Ce groupe a donc la particularité de me toucher au plus haut point sur plusieurs de ses titres. Et "The Bee" en fait clairement partie. Comme prévu, Amorphis proposera la moitié de l'album "Queen of Time", notamment ses deux premiers morceaux en début de set. Ce soir, on entend très très bien le guitariste soliste, notamment durant le titre "Sacrifice" (encore un qui a tendance à me donner des frissons), nous permettant ainsi d'entendre le morceau sous un angle tout neuf. Y a pas à tortiller, Amorphis en live, c'est puissant et intense. Et nous n'aurons droit qu'à leurs meilleurs titres, tels que "Silver Bride" ou "Wrong Direction" (jetez une oreille sur ce titre !), mais aussi "Death of a King" de l'album "Under the Red Cloud", avant-dernier à ce jour. En définitive, on aura droit à un set parfait pour un groupe parfait, qui a su évoluer de manière géniale tout au long de ses 28 ans de carrière. J'avais prévenu, je suis complètement partiale, mais je ne peux faire autrement. Allez écouter vite vite vite ce que fait Amorphis, vous m'en direz forcément des nouvelles !

AT THE GATES : On a ici une véritable légende Scandinave estampillée Metal Extreme. L'avantage de cette appellation, c'est qu'elle permet d'y parquer tous ces groupes de Metal sur lesquels on ne peut coller une étiquette précise, car ils ne rentrent justement dans aucune case. C'est par exemple le cas de Rotting Christ ou encore de Die Apokalyptischen Reiter. Pourtant, ces deux groupes n'ont strictement rien en commun, et At The Gates c'est encore une autre histoire. Avec ces derniers, on lorgne du côté du Death Metal Mélodique, sans pour autant en avoir tous les codes. Cette année marque la sortie de l'album "To Drink From the Night Itself", et du coup le set proposé par le groupe ce soir devrait tourner pas mal autour de cet album-là. Le public accueille les nouveaux titres de la même façon que les plus anciens, avec un bel entrain. Sur certains points, plusieurs des morceaux joués ce soir me feront penser à du In Flames. mais attention, In Flames c'est In Flames, At The Gates c'est At The Gates. Et ça pogote de partout dans le public, on a même droit à du circle pit sous la tente Altar où le groupe a pris place. Le son est de plus très bon. Et afin de rajouter à la puissance du titre "The Circular Ruins", Tomas Lindberg, leader, prêtera main forte à son batteur, Adrian Erlandsson. Ce nom ne vous est sans doute pas inconnu. En effet, avant d'intégrer At The Gates, il fut batteur pour Cradle of Filth. On peut également le voir chez Paradise Lost et Brujeria. Quant à son frère, Daniel Erlandsson, on l'a vu tout à l'heure sur scène avec Arch Enemy. Dans la foule, le titre "Under a Serpent Sun" générera un circle pit qui tournera à une vitesse folle ! C'est qu'il est bon dans sa vitesse de jeu folle le Erlandsson, et ses comparses aussi. Tous les titres passent comme une lettre à la poste. Cependant, alors que je m'attendais à entendre surtout des morceaux extraits du dernier album en date, le groupe fera le choix d'en proposer autant de celui-ci que du précédent. Et l'album sorti encore avant ne sera pas non plus mis de côté. On ressort donc forcément de ce set en se disant que si on ne connaissait pas encore les albums, il faudrait vraiment y jeter une oreille, pour peu que l'on ait accroché à ce que l'on vient d'en entendre.

Photo des membres de Hellacopters
Les membres de Hellacopters

THE HELLACOPTERS : Reformés depuis 2016 après une pause de 8 ans, les Hellacopters ont été créés par le batteur et fondateur d'Entombed, Nicklas Andersson. Mais ici, ce n'est pas derrière les fûts qu'on le retrouve, mais au chant et à la guitare. C'est qu'il est multi-facettes le monsieur, et en plus il a une belle voix. Outre ça, il est également parolier et compositeur. Musicalement, il n'y a strictement aucun point commun entre Entombed et les Hellacopters. Ici, on a ce que le groupe lui-même appelle du "Hard Fast Rock" ou du "High Energy Rock". Et on n'a pas besoin de tergiverser pendant 107 ans pour reconnaître qu'effectivement, ces appellations conviennent parfaitement à ce que les musiciens proposent ce soir sur la scène de la Warzone. C'est à un rock survitaminé auquel on a droit, qui sonne même plutôt Old School par moments grâce aux notes jazzy du clavier Bobba Fett, au moins aussi Old School que le pantalon à pattes d'eph' du leader (il fallait oser !). Les refrains de tous les morceaux témoignent de tubes en puissance, comme "Born Broke" par exemple, qui est à écouter d'urgence ! L'ensemble est tellement joyeux que l'on a bien du mal à imaginer le chanteur dans un groupe comme Entombed. Et pour ma part, autant je n'aime pas ce premier groupe, autant j'accroche très bien avec les Hellacopters. Nicklas Andersson y montre une facette tellement différente et colorée que l'on ne peut y rester insensible.


TURBONEGRO : Déjà vus à l'ouverture du Hellfest en 2016, ils m'avaient alors laissé un bon souvenir. Ce soir, ils clôturent le fest. Alors, sont-ils mieux en ouverture ou en fermeture ? Toujours est-il qu'on retrouve les membres sur la scène de la Warzone, contrairement à il y a 2 ans où ils occupaient une des deux scènes principales, devant un parterre clairsemé. Cette fois-ci, l'espace Warzone affiche complet, composé de festivaliers fatigués par ces 3 jours de musique non-stop, mais toujours présents et étonnamment en pleine forme. Après les Hellacopters, c'est vraiment un bon choix que de passer sur Turbonegro, une suite logique et parfaite, qui connaîtra son point d'orgue sur le 3ème morceau notamment, "Rock N Roll Machine". Le leader lui-même, Anthony Madsen-Sylvester, fera des pas de danse à plusieurs reprises, et pas seulement durant cette chanson. Après "Hurry up and Die", on aura droit à l'introduction de "Bohemian Rhapsody" de Queen, dont Anthony ne n’entonnera que les toutes premières paroles, rapidement supplanté par les fans qui chanteront à tue-tête, avant que la musique ne commence à changer pour enchaîner sur un des titres de Turbonegro, "Get it On". L'ensemble du set du groupe est bien choisi, et permet de clôturer en beauté ce Hellfest 2018, faisant danser la fosse jusqu'à sa dernière seconde. Ces musiciens, finalement, sont aussi bons en ouverture qu'en fermeture, et c'est sur des danses endiablées du public que chaque morceau défilera, pour finir sur le désormais célèbre "I got Erection" en version allongée pour l'occasion. Un chouette point final à un Hellfest tout aussi chouette, dans une excellente ambiance.


Ce sera tout pour cette édition 2018 du Hellfest. J'aurai encore une fois pris un grand plaisir à suivre l'événement, à assister aux prestations de tous ces groupes, et à vous les présenter via cet article qui, je l'espère, vous permettra de vous sentir un peu sur place à sa lecture. Rendez-vous en juin 2019 pour la suite !

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